12 October 2010

03/09/2010 11/09/2001

comment faire un lien entre le 11 septembre 2001 et le licenciement de nos permanents?
de prime abord,
il n'y en a pas... évidence, évidence, évidence...
pourtant à y regarder de plus près, à la loupe ou effet inverse, en prenant du recul en tenant compte de l'ensemble des environnements et des liens qui les relient et les tissent entre eux...
on pourra remarquer que les trois tours qui s'effondrent sur manhattan le 11 septembre 2001 avant le crash de deux avions sur l'ile quelques heures avant le drame provoqueront dans l'ensemble de l'humanité une suppression quasi systématique des pseudo-démocratie dont semblait bénéficier la plupart des nations occidentales...
depuis lors un climat de terreur s'est abattu sur nos pays et capitales,
ainsi que dans nos organisations syndicales...
d'orazio-faust-willems...
les manifestations...Suite à la multiplication des violences policières à l’occasion de manifestations:

Appel à manifester pour la défense des libertés d’expression et de manifestation -

Samedi 16 octobre – 15 heures – Porte de Hal

Bruxelles a été récemment le cadre d’événements d’ampleur internationale tels que l’euro-manifestation contre l’austérité qui a rassemblé plus de 100.000 personnes et le camp « No Border » qui avait pour objectif de critiquer les politiques migratoires européennes et de revendiquer la liberté de circulation et la suppression des frontières. A l’occasion de ces événements, de nombreuses entraves aux libertés d’expression et de manifestation, pourtant garanties par la Constitution, ont eu lieu.

En effet, plusieurs centaines de personnes ont fait l’objet d’arrestations « préventives » par les forces de l’ordre. En outre, de nombreux témoignages attestent, pendant et après les arrestations, de sérieuses violences policières (gazages, matraquage…) et humiliations, notamment à caractère sexuel. Plusieurs journalistes ont également été menacés, voire arrêtés, par des policiers.

Faits marquants

Le mercredi 29 septembre 2010, au moment de rejoindre l’euro-manifestation, de nombreux militant(e)s logeant au No Border Camp sont arrêté(e)s dans les rues ou stations de métro autour du camp. D’autres personnes auront à peine eu le temps de se joindre à la queue du cortège avant de se faire encercler et arrêter par la police, de façon violente. La police a également procédé à l’arrestation ciblée de personnes ne portant pas la tenue syndicale au sein de la manifestation. Bilan de la journée : environ 300 arrestations. Plusieurs photographes et cameramen/women ont également été menacé(e)s, certain(e)s arrêté(e)s et molesté(e)s, par des policiers.

Le vendredi 1er octobre, le départ d’une manifestation est fixé à 19h, gare du Midi. Alors qu’aucun incident n’est à déplorer, de nombreuses personnes tentant de se rassembler, et aussi de simples passant(e)s, se font arrêter (environ 150 arrestations). Ces arrestations auraient été effectuées sur base d’un arrêté de police des bourgmestres d’Anderlecht, St-Gilles et Forest, interdisant tout rassemblement de plus de 5 personnes sur la voie publique. La police ne s'est apparemment pas tenue a cet arrêté, embarquant tous les « jeunes » ou « alternatifs », qu'ils/elles soient seul(e)s ou en groupes de moins de 5 personnes. Outre l’arbitraire total de ces arrestations, de nombreux cas de violence dans les commissariats ont été rapportés : humiliations à caractère sexuel, traitements inhumains et dégradants (coups, pressions sur les ganglions, étouffement, refus d’accès à l’eau et aux sanitaires). Des comportements inacceptables.

Appel au rassemblement et revendications

Nous, un collectif de citoyennes et de citoyens, dénonçons les contrôles au faciès et les arrestations « préventives » qui ont eu lieu à l’occasion de ces rassemblements citoyens. Nous condamnons fermement les violences et les mauvais traitements par les forces de l’ordre.

Nous appelons donc toutes les personnes soucieuses du respect des droits humains fondamentaux et inquiètes du climat sécuritaire de plus en plus pesant, à participer à un rassemblement pacifique le samedi 16 octobre prochain, à 15h, à la porte de Hal, pour exiger :

- que les responsabilités vis-à-vis des évènements graves survenus la semaine dernière soient dégagées ;

- que la justice fasse la lumière sur les violences et les mauvais traitements commis à l’occasion de ces rassemblements ;

- que le droit de manifester, la liberté d’expression et l'intégrité physique soient effectivement et scrupuleusement respectés.

Un collectif de citoyennes et de citoyens, avec le soutien de (premiers signataires): Ligue des Droits de l’Homme, la Coordination contre les Rafles, les Expulsions et pour la Régularisation (CRER), le Comité pour l’Annulation de la Dette du Tiers-Monde (CADTM), Attac-Liège, Attac-ULB, MRAX, Vélorution, PC W-B, LCR, PSL, PH, PTB, Egalité, JAC, Action pour la Paix...



--
Ligue Communiste Révolutionnaire (LCR)
Socialistische ArbeidersPartij (SAP)
Section belge de la IVe Internationale
Rue Plantin, 20
1070 - Bruxelles
info@lcr-lagauche.be
02/523.40.23

24 August 2010

ECS une nouvelle intégration pour le groupe ECONOCOM


???et les travailleurs???
malgré les mots très rassurants d'YVES CAPARROS, PDG d'ECS sur les chiffres,
les bons chiffres qui rassurent les investisseurs,
les actionnaires,
les traders,
les banquiers,
les clients,
les collaborateurs,
il parait évident que les travailleurs toujours trop chers,
trop couteux, onéreux, trop fragiles, instables, trop VIVANTS
devront tirer à,
la courte-paille jouer à,
chaise musicale,
pour connaitre les heureux élus qui devront laisser place au grand capital...
bénéfice$, profit$, dividende$, intérêt$,
les humains qui resteront dans l'entreprise pourront-ils prétendre à de meilleurs salaires?
conditions de travail?
conditions de vie?
loisirs?
vacances?
pensions?
...???
nous en doutons fort...
c'est pourquoi nous invitons toutes les forces sociales des entreprises à se réunir,
se tenir les coudes,
debout masse et bloc pour défendre une participation totale aux bénéfices pour
investisseurs=>travailleurs
les actionnaires=>travailleurs,
les traders=>travailleurs,
les banquiers=>travailleurs,
les clients=>travailleurs,
les collaborateurs=>travailleurs,
travailleurs=travailleurs...
ce sont les travailleurs qui enrichissent les entreprises et le monde,
il est URGENT que TOUS les bénéfices leurs reviennent!

Depuis le 1er Juillet, notre actionnaire Société Générale et Econocom sont entrés en négociations exclusives pour le rachat de notre Groupe.

Si ces négociations entre Société Générale et Econocom aboutissent à un accord, ECS se félicite de s'inscrire dans un projet industriel solide,dont les perspectives de développement lui permettront de faire uneavancée décisive sur le marché des services informatiques.

Le nouveau groupe, fort et indépendant, affichera un CA de plus 1,6 milliard d'euros, dont 250 millions d'euros en services et plus de 4 000 collaborateurs dont plus de 2 000 ingénieurs et techniciens. Il fondera son succès sur le savoir-faire indéniable des équipes d'ECS sur lesinfrastructures systèmes et sur celles d'Econocom sur lesinfrastructures distribuées et télécoms et s'enrichira de leurs fortes complémentarités en termes d'implantations géographiques et d'expertises métiers.

Le nouveau groupe offrira des solutions attractives et à forte valeur ajoutée à ses clients s'appuyant sur ses compétences reconnues que sont ses métiers complémentaires et convergents : la mobilité, la gestion locative, les services aux infrastructures distribuées et systèmes et la distribution.

Le Groupe ECS délivre ses services auprès de 12 000 sociétés en Europe depuis plus de 35 ans. Au nom de tous ceux, hommes et femmes, qui travaillent quotidiennement à leur service, je tiens à remercier nos clients pour leur confiance et leur fidélité.

Je suis convaincu que le projet dans lequel ECS s'inscrit nous permettra de proposer à nos clients la mise en œuvre de solutions toujours plusinnovantes, et de continuer à développer avec eux une relation durablebasée sur notre capacité à comprendre leurs attentes et à y répondre en leur garantissant la performance et la qualité de nos services.

Yves CAPARROS
Président-Directeur Général

27 May 2010

Les spéculateurs, aujourd’hui, devraient être jugés au tribunal de Nuremberg

Jean Ziegler nous informe comment notre système créé les inégalités, les entretient et les alimente,
le marché, les places boursières pourraient être comparées aux arènes, aux cirques, aux champs de bataille, aux fronts de guerre,
avec toute l'hypocrisie que les bourgeois développent pour se déculpabiliser, se dédouaner, se retirer de toutes formes d'accusations mensongères...omnibulés par la consolidation du socle sur lequel ils se sont hissés tels des héros, des dieux, des monstres
ainsi sur le net on peut aisément lire que Mr Ziegler est un polémiste,
probablement comme Marx,
ou comme tous ceux, toutes celles qui dérangent le parti de la presse et de l'argent,
dormez-tranquille,
les enfants innocents crèvent partout dans le monde,
dormez-tranquille,
gangsters ventres et bourses pleines pour vous,
ce sont les gueux et leurs enfants qui sont immondes!!!


«Des enfants
meurent à cause
des gangsters
de la Bourse »
Jean Ziegler
Dans ses livres qui ont marqué l’opinion, Jean Ziegler n’a cessé de dénoncer le caractère absurde et criminel des politiques du capitalisme envers les peuples du tiers monde. Il a été le rapporteur spécial pour le droit à l'alimentation du Conseil des droits de l’homme aux Nations unies de 2000 à 2008. Michel Collon l'a interrogé à Genève sur la crise, la Bourse, la faim, Obama, Israël…





La crise t’a surpris ?

Dans sa violence, oui. Je ne pensais pas que les truands de la finance allaient ruiner l’économie mondiale à une telle vitesse : 1.800 milliards de valeurs patrimoniales ont été détruites. Pour les pays du tiers-monde, c’est une catastrophe totale. Mais aussi pour les pays industrialisés.


Ce sont encore les pauvres qui paient ?

Oui. Le 22 octobre 2008, les quinze pays de l’euro se sont réunis à Paris. Sur le perron de l’Elysée, Merkel et Sarkozy ont dit : « Nous avons libéré 1.500 milliards d’euro pour le crédit et pour augmenter le plafond d’autofinancement de 3 à 5% ». La même année, les mêmes pays européens ont réduit leurs subventions pour le programme alimentaire mondial (qui ne vit que de ces subventions) de 40 %. De six milliards de dollars à moins de quatre milliards.

Ce qui fait qu’au Bangladesh, on a supprimé les repas scolaires. Un million d’enfants sont gravement et en permanence sous-alimentés. Ces enfants meurent donc à cause des gangsters de la Bourse. Il y a là des morts véridiques. Les spéculateurs, aujourd’hui, devraient être jugés au tribunal de Nuremberg.


Quelle leçon les puissants ont-ils tiré de la crise ?

Aucune. Prenons l’exemple de la Suisse. Le contribuable suisse y a payé 61 milliards de dollars pour le sauvetage de la plus grande banque : UBS. L’an dernier, en 2009, les dirigeants d’UBS, toujours proche de la faillite, se sont distribués entre eux des bonus pour quatre milliards de francs suisses ! Le pillage est total et l’impuissance des gouvernements qui se comportent comme des mercenaires est totale aussi. En tous les cas, en Suisse, en France, en Allemagne où j’ai quelques renseignements. C’est un scandale permanent.

Le masque néolibéral est tombé évidemment, avec sa prétendue légitimité. Mais le cynisme et l’arrogance des banquiers triomphent totalement.

Et du côté du public, sens-tu une évolution ?


Non, si tu regardes les chiffres, ils sont catastrophiques. Toutes les cinq secondes, un enfant meurt de faim. 47.000 personnes meurent de faim tous les jours. Un milliards de personnes (c’est-à-dire un homme sur six) sont gravement et en permanence sous-alimentés. Alors que l’agriculture mondiale dans l’état actuel de son développement pourrait nourrir sans problème douze milliards d’êtres humains avec 2.700 calories par individu par jour ! Donc, au début de ce siècle, il n’y a plus aucune fatalité. Un enfant qui meurt de faim, au moment où nous parlons, est assassiné. C’est catastrophique.

L’ordre mondial du capital financier globalisé est meurtrier - épidémie, décès par la pollution de l'eau , etc… - et en même temps absurde : il tue sans nécessité. C’est l’ordre des oligarchies et du capital financier mondialisé. Sur le plan de la lutte contre la faim, l’échec est total.


Tu as été, de 2000 à 2008, le rapporteur des Nations-Unies sur le problème de la faim dans le monde. Quel bilan tires-tu ? As-tu servi à quelque chose ?Oui. La conscience a augmenté. Plus personne aujourd’hui, ne considère ce massacre quotidien comme un fait de la nature. On va en Europe, je crois, et en tout cas dans les pays de la périphérie vers une insurrection des consciences. Il faut une rupture radicale avec ce monde cannibale.


Alors que le problème de la faim n’est pas résolu, on dépense de plus en plus pour faire la guerre.

En 2005, pour la première fois, les dépenses mondiales d’armement (pas les budgets militaires, juste les dépenses d’armement) ont dépassé mille milliards de dollar par an. Nous vivons dans un monde d’une absurdité totale.


Obama avait pourtant fait de belles promesses…

Il est vrai qu’Obama suit totalement la surdétermination de l’Empire. Je ne l’ai jamais rencontré, c’est sûrement quelqu’un de bien, mais la réalité qu’il affronte est effrayante. Les Etats-Unis restent la plus grande puissance industrielle au monde : 25 % des marchandises industrielles sont produites par eux, avec pour matière première le pétrole : 20 millions de baril par jour dont 61% sont importés. On peut l’importer de régions comme le Moyen-Orient ou l’Asie centrale, ce qui les force à maintenir une force armée totalement hypertrophiée, et le budget fédéral est donc complètement parasité par les crédits militaires… Mais telle est la logique de l’Empire.


Quel est ton sentiment sur ce qui se passe maintenant en Israël et comment cela peut-il évoluer ?

Je pense que Tel-Aviv dicte la politique étrangère des Etats-Unis avec le lobby de l’AIPAC, comme puissance déterminante.


Avant les politiciens, ce sont quand même d’abord les multinationales pétrolières qui décident d’armer Israël.

Oui, la logique fondamentale est que pour les intérêts pétroliers, il faut un porte-avion stable. Et l’Etat d’Israël mène - ce n’est pas moi qui le dit, c’est un rapporteur spécial des territoires occupés - une politique permanente de terrorisme d’Etat. Tant que ce terrorisme continue, il n’y aura pas de paix au Moyen-Orient, il n’y aura pas de fin au conflit Iran - Irak, ni rien du tout. Tout est sans issue sauf si enfin l’Union européenne se réveillait, tu comprends ?


Que pouvons-nous faire, nous Européens, pour la réveiller ?

Depuis juin 2002, existe un accord de libre échange entre Israël et les 27 pays de l’Union européenne qui absorbent 62% des exportations israéliennes. Dans cet accord, l’article 2 (c’est le même dans tous les traités de libre échange) dit : le respect des droits de l’homme par les partis contractantes est la condition pour la validité de l’accord. Mais les violences faites aux Palestiniens - vol de la terre, torture permanente, éliminations extrajudiciaires, assassinats, organisation de la sous-alimentation comme punition collective – tout cela, ce sont des violations permanentes des droits de l’homme les plus élémentaires. Si la Commission européenne suspendait pendant 15 jours l’accord de libre-échange, les généraux israéliens reviendraient à la raison immédiatement. Or, l’Europe des 27, ce sont des démocraties, c’est à nous de jouer, nous opinions publiques.


Comment ?

Il faut forcer nos gouvernements. Nous ne sommes pas impuissants. En Belgique, il y a beaucoup de problèmes, en Suisse et en France aussi. Mais une chose est certaine : les libertés publiques existent. Il faut se saisir de ces libertés publiques pour imposer à nos gouvernements un changement radical de politique, c’est tout. S’ils ne le font pas, alors il ne faut plus voter pour eux, tu comprends, c’est aussi simple que ça !


Mais tous ces gouvernements sont d’accord de soutenir Israël. En France, par exemple, que ce soit l’UMP ou le PS, ils soutiennent Israël.

Soutenir la sécurité et la permanence d’Israël, c’est une chose. Mais cette complicité avec le terrorisme d’Etat et la politique de colonisation, ce n’est pas possible. C’est la négation de nos valeurs, c’est « du fascisme extérieur » : c’est-à-dire que nos valeurs sont démocratiques à l’intérieur de nos frontières et à l’extérieur, nous pratiquons le fascisme par alliance.


Et enfin, le rôle des médias dans tout ça ?

Ils sont complètement soumis. Notamment en période de crise, les journalistes ont peur pour leur emploi. L’agressivité du lobby israélien est terrible. Moi, j’ai subi la diffamation la plus effroyable, et ça continue aux Nations-Unies d’ailleurs, c’est grâce à Kofi Annan que j’ai survécu. Israël est un danger pour la paix du monde, Israël cause d’effroyables souffrances. Et dans ce pays, les opposants comme Warschawski sont complètement marginalisés. Mais si l’opposition israélienne anticoloniale et anti-impérialiste n’a pas la parole, n’a pas d’influence, eh bien, nous allons vers la catastrophe. Il faut soutenir les opposants.


Et le rôle des médias à propos de la crise ?

La crise est présentée comme une fatalité, une catastrophe naturelle. Alors que les responsables sont identifiés !

05 May 2010

KKE : un parti pas comme les autres




Communiqué du KKE

Des dizaines de milliers d'ouvriers et d'employés, du privé et du public, ont répondu à l'appel à la grève du PAME (Front Militant des Travailleurs), un front des syndicats de classe en Grèce. Le PAME a organisé des rassemblements de masse dans 66 villes grecques, tandis que 300 syndicats de base et fédérations (syndicats, centres de travail, fédérations industrielles) du secteur public et du secteur privé ont décidé de participer à la grève.

Le succès de la grève était une manière de répondre aux mesures anti-populaire annoncées par le gouvernement social-démocrate PASOK telles que la baisse des salaires et des retraites, ainsi que le recul de l'âge de départ à la retraite. Les travailleurs ont tourné le dos aux appels du gouvernement à les accepter « afin de sauver le pays » de la crise. Ils ont insisté sur le fait que la Grèce n'est pas menacée de faillite et que c'est le grand capital qui est responsable des déficits et de la dette. C'est le grand capital qui avant et pendant la crise a réalisé des profits fabuleux, en exerçant un chantage sur les couches populaires et ouvrières, et en faisant porter le fardeau de la crise par les travailleurs.

La journée de grève du 24 février prendra donc la suite d'une autre journée de mobilisation et de grève massive.

Car ce 10 février, dès l'aube, des milliers de travailleurs et d'étudiants ont rejoint les piquets de grève, devant les usines et les lieux de travail. D'importantes unités industrielles, des multinationales, des chantiers et le plus grand port de Grèce, le Pirée, ont été paralysés. La dure bataille de préparation de la grève, le piquetage, la dénonciation de la collaboration des forces du syndicalisme pro-patronat et jaune qui contrôle la Confédération des travailleurs du privé (GSEE) et du public (ADEDY) ont renforcé la classe ouvrière grecque.

Il convient de noter également que la GSEE a continué sa tactique de casse de la grève et n'a pas organisé de mobilisation, apportant ainsi son soutien au gouvernement. D'autre part, l'ADEDY a appelé à la grève pour ce 10 février et a organisé un rassemblement dans le centre d'Athènes, mais avec une faible participation.

En revanche, des dizaines de milliers de manifestants ont participé au rassemblement du PAME à Athènes qui s'est tenu devant le Parlement Grec. En dépit de la pluie, les travailleurs ont dénoncé les politiques anti-sociales et anti-populaires, ainsi que les attaques de cette alliance de l'ombre entre le gouvernement et le patronat, l'UE et les partis de la ploutocratie qui poussent la classe ouvrière à accepter les « sacrifices » que l'UE et le gouvernement exigent.

Vasilis Stamoulis, président de la fédération syndicale des travailleurs de l'industrie textile, a prononcé un discours lors du rassemblement. Des représentants du mouvement paysans, du Rassemblement militant des paysans (PASY) et du comité de coordination pan-hellénique des travailleurs indépendants ont également communiqué un message de soutien. Une délégation du Comité Central du KKE, menée par la secrétaire-générale Aleka Papariga, a participé au rassemblement.

Le rassemblement a suivi un défilé de protestation dans les rues du centre d'Athènes, dont le point de chute était le Ministère du Travail. Les manifestants ont affirmé haut et fort qu'ils ne consentiront à aucun sacrifice pour la ploutocratie et ont revendiqué:

un emploi stable pour tous
la journée de 7 heures, la semaine de 5 jours un salaire minimum de 1400 euros la retraite à 55 ans pour les femmes et à 60 ans pour les hommes, et respectivement à 50 et 55 ans pour les métiers pénibles de véritables mesures de protection des chômeurs et de leurs familles et non des bons alimentaires en guise de charité une allocation-chômage de1120 euros couvrant l'intégralité de la période de chômage, sans aucune condition ni préalable une couverture des soins médicaux totale et le remboursement intégral des médicaments la hausse drastique du taux d'imposition des grands entreprises à 45%. Abrogation des exonérations et des privilèges fiscaux

Extrait de la déclaration de la secrétaire-générale du KKE, Aleka Papariga, lors du rassemblement du PAME

« Ne faites pas attention à ce qu'ils vous disent! Le sauvetage des banquiers, des industriels et des gros commerçants est la seule chose qui les préoccupe.

Ils mettront en œuvre des mesures bien pire encore si les travailleurs ne mettent pas en échec cette vague de contre-réformes, si ils ne s'opposent pas en cause aux diktats du gouvernement.

Donc, opposez-vous à ces mesures, soulevez-vous et menez une lutte permanente! De nouveaux coups durs s'annoncent sur la sécurité sociale et sur les impôts. Bloquez-les! Ne les croyez pas! Tournez-leur le dos! »


Chers amis,

Tant qu'à faire de dénoncer la situation créée par le capitalisme, le FMI et le PASOK, il serait également utile de dénoncer les syndicats réformistes liés à la social-démocratie, les syndicats jaunes tels que dénoncés dans le communiqué du KKE reproduit ci-dessous.
Les syndicats réformistes, la FGTB et la CSC en Belgique, ne cessent de participer à la "construction européenne" et d'entretenir l'illusion de l'"Europe sociale"
("Pour une autre Europe,...dans un autre monde"...(sic !). Leur homologue, en Grèce, c'est la GSEE, le "syndicat" du PASOK. Ces syndicats n'auraient aucune peine à reprendre à leur compte l'analyse du CADTM en taisant soigneusement l'existence du mouvement syndical de lutte de classe ( certes liés au KKE, au KKE-ML, partis "stalinien", "dogmatique", "dépassé" etc...).
Le solidarité, c'est dénoncer la social-démocratie, ici et là-bas, en tant qu'auxiliaires de la dictature ploutocrate ( πλουτοκρατία. On pardonnera aux Communistes grecs l'utilisation de ce terme passé de mode ici, au profit de "néo-libéralisme", "capitalisme sauvage"...).
A la veille de la formation, en Belgique, d'un gouvernement d'"union nationale", après dix ans de cohabitation harmonieuse PS-MR, il n'est pas inutile d'interpeller la FGTB et la CSC, qui semblent parfaitement indifférents aux mobilisations populaires en Grèce, plutôt voués à un "dialogue social" toujours favorable au patronat et voués aussi à la "reprise".
Bien à vous.

04 May 2010

help mayday mayday help

une kermes, des keufs,
la place rouppe peut se comparer aux autres places boursières, du pain, des jeux, des keufs,
non camarades, l'ambiance n'était pas à la fête, juste quelques touristes, quelques syndicalistes et de la musique pour une fête commerciale aux teintes des éternelles récupérations habituelles...

une foire aux boudins, les participants de la manifestation organisée par Le Comité pour un 1er mai de lutte n'ont pas pu pénétrer sur la place,
les services d'ordre refusant tous signes ostentatoire, pas religieux, non... mais non...
politique!!!

on rigole pas le jour du premier mai : les dictateurs se gavent de leurs discours creux, baveux, entendus et téléphonés pour ouvrir ce qui était écrit d'avance par un auteur réac' in-inspiré, ennuyeux, bêlant "BHV" comme des ânes, tous identiques de l'utra-extrême droite à la molle droite socialiste, les même mots d'ordre, achetez-consommez-travaillez

cependant que le bon peuple reste chez lui, déprimé par un système inerte et cancéreux...

attendant le boudin mmmm que d'amour!


26 April 2010

A2Z : 1 Action qui ne plait pas

Pourquoi une action qui choque????Pourquoi une action qui frappe???Pourquoi une action qui dérange???
Pourquoi vos délégués syndicaux ont fait le choix d'une action qui ne plait pas???


Parce que nous voulons défendre les principes du dialogue social...
Nous ne sommes pas complice d'un système déviant,
Nous avons des convictions et nous voulons informer les travailleurs de la position syndicale,


LES ENJEUX,

A2Z est une entité dont les responsables possèdes des privilèges qui n'ont pas d'équivalence chez econocom,
Une protection qui ne peut s'expliquer que par une volonté d'étudier une nouvelle forme de management,
Que nous ne voulons en aucun cas cautionner,
accepter,
admettre,
imaginer,
tolérer,


LES SYMBOLES,

Le Cercueil,
Il été choisi pour rappeler aux témoins de l'action, qu'A2Z est l'entité qui a vu le plus fort taux de rotation d'emploi,
Que nous sommes conscient que sans dialogue et sans compréhension de ce type de management, il y aura de sérieux problèmes,
disparitions d'emplois : disparitions de clients...
Les Jeux de Rôles,
Nous avons mis en scène un management sans écoute et sans volonté de dialogue représenter par une dompteuse,
additionné par la mise en scène d'un personnel soumis et méprisé représenté par un esclave,
La rencontre des deux avait de quoi choquer,
Un choc pour informer les employés de ce qui se passe dans leur entreprise,
Il ne doit pas être normal d'être choqué par une mise en scène et pas par la réalité...


NOS OBJECTIFS,

Nous espérons que la direction pourra nous convaincre qu'en dehors des erreurs qui ont été commises dans cette entité,
l'orientation sera de supprimer et d'interdire cette façon de diriger l'entreprise de demain...






May Day

Un survol de la lutte ouvrière jusqu’en 1968, un aperçu de la lutte ouvrière du début du capitalisme vers 1830 à 1968. *

L’histoire commence lors des grandes révoltes de la faim qui secouent notre pays au tout début du 20e siècle et insiste sur Julien Lahaut, cadre ouvrier du Parti Communiste de Belgique. Il est sans aucun doute le plus grand dirigeant ouvrier révolutionnaire et marxiste que notre pays ait jamais connu. Rescapé du camp de concentration de Mauthausen, il reprend ses tâches. Il doit son surnom, ‘l’homme qui portait le soleil dans sa poche’ à sa manière de défendre sans cesse la morale révolutionnaire, même et surtout dans les différents camps où il a été interné. En 1950, durant des semaines, il dirige 700.000 grévistes, d’une manière révolutionnaire. La même année, il est assassiné.



Toutefois, la ligne révolutionnaire qu’il imprime à la stratégie syndicale du PCB fera que l’influence des communistes dans la direction de la classe ouvrière restera importante jusque dans les années 70. Pour la stratégie syndicale communiste dont il était responsable, il participait à toutes les réunions de la Troisième Internationale et partageait la même vision que le dirigeant de cette Troisième Internationale, Lozovsky, théoricien de la lutte syndicale.

La manière dont Julien Lahaut a mené la lutte est importante parce qu’il pose la question de la stratégie à suivre en matière de politique syndicale dans les années 1920 à 1950. La ligne essentielle de Lahaut reposait sur deux axes: travailler au sein des syndicats réformistes mais aussi mener une opposition syndicale révolutionnaire, autonome, et, si nécessaire, créer une centrale ouvrière révolutionnaire.

Né en 1884 à Seraing, Julien Lahaut, est le fils d’un des nombreux syndicalistes licenciés à Cockerill. Dès l’âge de quatorze ans, le fils suit les traces de son père. C’est donc à Cockerill qu’il apprend très jeune à organiser et diriger les travailleurs. Sur sa carte de travail apparaît bien vite la définition qui le caractérisera toute sa vie: ‘Agitateur’.

En 1902, des grèves éclatent, faisant des blessés à Tilleur, des morts à Louvain. Lahaut, qui dirige déjà la grève de Cockerill, est licencié pour la première fois. Dès ce moment, il faut de nouveau mener la lutte syndicale clandestinement. En l’occurrence, «le paravent» sera une équipe de football.

En 1905, Lahaut a vingt et un ans quand il fonde, en compagnie de Joseph Bondas, un nouveau syndicat des métallurgistes. Au cours d’une grève en 1908, Lahaut est une nouvelle fois licencié. Cela ne l’empêche pas d’être désigné comme permanent du syndicat des métallurgistes au cours des treize années suivantes!

En 1917, il part comme soldat en Russie, où se déroule la révolution d’Octobre. C’est là qu’il devient un communiste révolutionnaire, partisan convaincu de l’Union soviétique. Dès son retour, il adhère au nouveau Parti Communiste de Belgique.

Verviers, boulevard de la Révolution

Dans les années 1890 à 1905, les travailleurs verviétois ne se contentent pas de fonder l’un des premiers syndicats du pays. Un très grand nombre d’entre eux se proclament aussi ouvertement partisans de la Première Internationale de Marx et Engels! C’est pour cette raison que la région verviétoise est très vite surnommée ‘le boulevard de la Révolution’. Une dénomination que ses travailleurs révolutionnaires n’ont certes pas usurpée, au regard des grèves importantes et des véritables épreuves de force infligées aux patrons du textile. Après des années d’une lutte ouvrière des plus intenses et surtout après le terrible lock-out de 1906, suit une période où les travailleurs ont besoin de prendre du recul, pour récupérer et faire le point.

Une joie intense éclate cependant spontanément en 1917, à l’annonce de la victoire de la révolution des classes ouvrières et paysannes en Russie. La foi dans un syndicalisme de combat alternatif, dans la lutte révolutionnaire s’en trouve renforcée. Sous la direction de Lénine, la Russie était le seul pays à avoir arrêté la guerre et réalisé le socialisme. La classe ouvrière y avait été libérée. Dans les pays occidentaux, y compris en Belgique, l’exemple de la Russie et les millions de travailleurs massacrés dans une guerre qui ne les concernait pas, rendent la situation explosive. La bourgeoisie s’est trouvée forcée à faire des concessions. Elles sont venues, en matière de sécurité sociale et de droit de vote, même si celui-ci était encore réservé aux hommes.

L’écrivain Célestin Demblon - à l’époque encore membre du Parti Ouvrier Belge - prenait ses distances de ce parti qui avait trahi les travailleurs et les faisait s’entretuer, se battre pour ‘leur pays’. Le POB avait effectivement appellé les travailleurs à se battre du côté de leur bourgeoisie. "Celui qui a faim, n’a nulle part une patrie, les pauvres n’ont pas de patrie, ils n’ont rien à perdre dans cette guerre parce qu’ils n’ont rien."1

Demblon défend fermement la lutte des travailleurs et la Révolution russe: «Je suis pour la révolution russe, qui constitue une forteresse pour la classe ouvrière du monde entier. Sans cette forteresse, sans cette révolution, la bourgeoisie n’aurait pas fait de concessions concernant la sécurité sociale au POB. Une sécurité sociale que la bourgeoisie jette à la tête des travailleurs par peur panique du bolchevisme dans notre pays, comme on jette un os à un chien dangereux.»2

Mais pour le POB, il s’agit aussi de bander toutes ses forces contre le tout jeune Parti Communiste de Belgique, qui prend de plus en plus d’importance.

Si maintenant les syndicats peuvent se développer ouvertement en toute légalité, ils sont tous sous le contrôle étroit du POB et sont tenus, avant de passer à l’action de grève, de se mettre d’accord avec toutes sortes d’organes de concertation au sein desquels il faut d’abord débattre du fondement des revendications des travailleurs.

Sous le titre La politique communiste vis-à-vis du syndicalisme verviétois3, Jean Roggeman, rédacteur en chef du journal du POB Le Travail, réalise une étude qui sera diffusée parmi tous les syndicalistes à Verviers. Cette étude commence par relater son point de vue sur la situation mondiale et, tout naturellement, c’est la Russie et sa révolution qui se voient accorder la priorité. Il déplore l’ampleur de la sympathie que suscite partout l’Union soviétique, se plaint du fait que les orateurs qui s’adressent à la classe ouvrière en faveur du socialisme de Lénine récoltent un succès garanti et qu’à l’issue de tels meetings, les travailleurs s’affilient de plus en plus nombreux au nouveau Parti Communiste.

Il met ensuite en exergue la politique du POB: «En Russie, soixante millions de paysans ont été portés au pouvoir mais la Belgique est un pays d’ouvriers. Chez nous, on ne peut pas parler d’une classe ouvrière opposée au patronat. Cette notion est dépassée... Il y a beaucoup d’ouvriers qui savent qu’ils vont avoir une vie meilleure qu’au siècle dernier et que c’est la caractéristique du capitalisme occidental. Du fait des améliorations apportées au sort des travailleurs, la classe ouvrière n’est plus solidaire et elle n’est plus disposée à lutter pour la révolution. Il y a parmi les travailleurs trop de cadres en devenir qui peuvent se hisser au-dessus de leur classe et acquérir leur indépendance, une vie meilleure au sein même du capitalisme. Le travailleur de l’Europe occidentale est devenu égoïste, nous ne pouvons donc plus parler d’une comparaison possible avec l’Union soviétique. Le mouvement ouvrier ouest-européen s’est mué en un mouvement réformiste et ne veut pas entendre parler de révolution.»

Il se lance ensuite dans un fervent plaidoyer en faveur des compromis entre patrons et ouvriers. «Peut-on citer une seule grève qui ne s’est pas terminée par un compromis, sans parler de toutes ces grèves perdues, naturellement? Donc, si par voie diplomatique nous parvenons à obtenir des résultats concrets, pourquoi dans ce cas devrions-nous demander aux familles ouvrières de consentir les sacrifices d’une grève, avec perte financière, possibilité de licenciement, qui incitent le travailleur à penser que le système ne peut pas lui offrir de certitudes. Depuis longtemps déjà, les Américains montrent les avantages de ‘la voie paisible de l’unité’ grâce à laquelle il n’est plus besoin de ces grèves qui ruinent et découragent nos travailleurs.»

Roggeman essaie péniblement de convaincre ses lecteurs que le POB est le seul parti de l’avenir. Mais il n’est pas inconscient, il sait qu’au lendemain même de la révolution d’Octobre, des conseils de travailleurs et de soldats se sont constitués en Belgique. Il prétend alors reconnaître et comprendre la sympathie dont jouit l’Union soviétique. A Bruxelles cependant, le POB met absolument tout en œuvre en coulisses pour désamorcer ce mouvement.4

En affirmant que ce sont les ouvriers de Verviers affiliés à la Première Internationale qui ont détruit les premiers syndicats, en réfutant que c’est en fait la répression brutale déployée par les barons du textile contre les meilleurs travailleurs qui en est responsable, Roggeman poursuit inlassablement son objectif: endiguer à tout prix la montée en puissance du Parti Communiste nouvellement fondé. Pour atteindre son but, il ose comparer le ‘boulevard de la Révolution’ de la région verviétoise à un domaine de misère et de désorganisation: ‘le trou noir de Calcutta’! Il se fait même menaçant: si les syndicalistes défendent à nouveau des points de vue communistes au sein du mouvement ouvrier et du syndicat à Verviers, ils vont livrer les travailleurs à la politique réactionnaire des barons du textile ! Mais son influence est dérisoire et son étude calomnieuse est réprouvée...

Les premières grandes luttes de Lahaut

En 1921, Julien Lahaut prend la direction de la grève d’Ougrée-Marihaye et la mène pendant neuf mois avec les travailleurs. Au début de ce mouvement, la position du POB à son égard est la suivante: «Laissez-le donc faire, il va se casser les dents et nous en serons débarrassés.» Mais les événements prouvent le contrairet! Les grévistes, soutenus par leurs épouses et compagnes, font preuve d’une capacité d’endurance et de résistance inimaginable et insoupçonnée!

La passerelle qui enjambe la Meuse à Seraing, en plein cœur de Liège, devient la tribune de Lahaut et le restera pendant de longues années. La grève, dirigée par un comité de grévistes, entraîne dans son sillage de nombreuses manifestations qui se transforment en véritables affrontements contre la gendarmerie. Au bout de sept mois, les autres dirigeants syndicaux des métallos veulent mettre fin à la grève mais Lahaut et les travailleurs refusent, la lutte se poursuit. Au mois de mai, la direction exécutive du syndicat de la métallurgie annonce qu’il n’y a plus d’argent pour les grévistes... Pendant sept mois et demi, ils ont vécu de ces indemnités de grève et maintenant, c’est la faim qui menace huit mille familles de travailleurs. Lahaut cherche et trouve une solution qu’il appliquera encore en maintes occasions. Il imagine envoyer les enfants des grévistes dans des familles d’accueil flamandes pour permettre à leurs parents de continuer la lutte sans les indemnités de grève. La solidarité dépasse toutes les espérances, il se présente en effet plus de familles d’accueil qu’il n’y a d’enfants de grévistes!

C’est le moment que choisissent les dirigeants réformistes du POB, Bondas, Delvigne et consorts pour arrêter la grève. La direction syndicale de droite, quant à elle, soudoie deux individus qui se présentent armés au piquet pour créer un incident, fournir un prétexte à une intervention. Lahaut s’avance vers eux, seul et sans hésitation, et les désarme. Quelques jours plus tard, il est jeté en prison. Toute la région se mobilise et manifeste pour sa libération et contre les représailles. Mais le syndicat des métallos profite de son incarcération pour céder et mettre un terme à la grève. Depuis sa cellule, Lahaut indigné leur écrit: «Au vu de votre capitulation scandaleuse, je remets ma démission en tant que permanent.» Sa démission entraîne celle de l’écrasante majorité des travailleurs syndiqués de l’usine.

Delvigne et Bondas publient alors une brochure infamante de soixante-quatre pages pour déformer ces événements historiques et dénigrer les courageux grévistes et leur leader, Julien Lahaut.5 L’écrivain révolutionnaire Célestin Demblon, déjà cité, comparaîtra même devant une commission du parti. On lui reproche sévèrement sa collaboration avec Lahaut dans la grève et on exige aussi qu’il abjure publiquement son bolchevisme! Demblon transforme alors sa défense en une magistrale et cinglante critique de la trahison du POB, défend ardemment la nouvelle conception syndicale de Lahaut et s’oppose farouchement à la motion Mertens, selon laquelle «on ne peut occuper de fonction dirigeante dans la centrale métallurgique si on est membre du Parti communiste.» Sa dénonciation, qu’il avait définie lui-même comme ‘une profession de foi’, restera dans les mémoires et sera appelée ‘le testament de Demblon’.

En 1924, au sein de la centrale métallurgique, cette ‘motion Mertens’ est néanmoins en vigueur et tous les communistes combatifs sont donc exclus des fonctions à responsabilité du syndicat de la métallurgie.

En 1925, dix-huit responsables sont à nouveau expulsés des usines. Une véritable chasse aux sorcières qui ne sera pas sans conséquences pour le monde syndical, comme le confirmera beaucoup plus tard Bondas dans son ouvrage, Histoire de la Centrale des Métallurgistes, 1887-19476, dans lequel il est obligé d’admettre que l’exclusion des communistes et des syndicalistes de combat a considérablement fragmenté et affaibli le syndicat dans de nombreux secteurs et régions. Ainsi, à Ougrée-Marihaye, le syndicat est retombé de 4.491 membres en 1921 à... 895 en 1922. «Ce n’est qu’en 1936 que le syndicat reprendra pied dans ce complexe sidérurgique», ajoute Bondas.

Le Petit Moscou au Borinage

En 1923, le capitalisme traverse une nouvelle crise. Une fois de plus, les conséquences sont désastreuses: diminutions salariales importantes et, simultanément, hausse des prix... Le coût de certaines denrées alimentaires connaît même deux augmentations le même jour! Les mineurs borains réagissent fermement: «Crever de faim alors qu’on travaille toute la journée dans la mine, ça ne prend pas avec nous!» Ils se mettent aussitôt en grève.

Julien Lahaut rejoint le Borinage à la demande des travailleurs révolutionnaires. Lorsqu’il veut s’adresser à eux, la salle est trop exiguë! Orateur et grévistes envahissent alors la Maison du Peuple de Jemappes où le meeting se poursuit. Par sa force de conviction, Lahaut parviendra à étendre la grève jusqu’à Charleroi et La Louvière! Au bout de vingt et un jours, c’est une splendide victoire pour les travailleurs qui reçoivent entre 5 et 10% d’augmentation salariale.7

Au mois de mars, les communistes de tout le pays sont alors accusés de ‘complot contre l’Etat’. On prétend que le Parti Communiste reçoit de l’argent en provenance d’Allemagne en échange d’informations. De vastes perquisitions sont perpétrées au domicile des communistes. Quarante d’entre eux sont arrêtés, parmi lesquels Julien Lahaut. C’est la première fois que la ‘théorie du complot’ est utilisée en Belgique pour éliminer les communistes de la lutte sociale en cours en les jetant, en masse, en prison. Les travailleurs révolutionnaires du Borinage ne sont pas épargnés par les représailles, six d’entre eux sont incarcérés. Au parlement, les dirigeants du POB, Vandervelde et Destrée, se voient obligés par leur base, d’intervenir auprès du ministre de la Justice. L’arrestation des quarante communistes constitue en effet un contraste trop flagrant par rapport à la totale liberté de manœuvre dont jouissent les organisations fascistes.

En 1924, les mineurs du Borinage lancent une nouvelle grève dès qu’ils apprennent que le patronat est sur le point d’imposer une nouvelle diminution salariale de 5 à 10%. Ils sont à juste titre révoltés d’avoir à subir des restrictions alors que les grands patrons houillers de la région font des bénéfices faramineux et se permettent de dépenser 150.000 francs pour la seule visite du prince Léopold! La direction syndicale n’apprécie guère ce nouveau mouvement de protestation mais, devant la détermination des mineurs, elle est contrainte de le soutenir. Des bagarres éclatent suite aux provocations des surveillants des charbonnages qui tentent d’entretenir les mines pendant la grève. Les gendarmes interviennent brutalement contre les grévistes, des coups de feu sont tirés contre des travailleurs! Ce ne sera pas la dernière fois…

Une anecdote restitue bien l’ambiance des années qui ont suivi la Première Guerre mondiale. Lors d’un contrôle d’identité de la gendarmerie à Monsville, un quartier de Quaregnon, un gréviste se montre peu empressé d’exhiber ses papiers. Après avoir reçu un coup de sabre sur la tête, il doit être hospitalisé. Il n’en faut pas plus pour que ses collègues et la population locale passent à l’action. Ils dépavent les rues, occultent l’éclairage public, parsèment les rues de tessons de bouteilles et de débris de verre, tendent des barbelés et construisent des barricades avec leurs lits et les pavés qu’ils ont enlevés! Jusque très tard dans la nuit, on entendra le claquement des sabots des chevaux et les hurlements des grévistes, entremêlés de coups de feu. Les grévistes, qui comptent dans leurs rangs un nombre important d’anciens combattants, interpellent vivement les gendarmes: «Allez, tirez donc, tyrans, boches!»

Le bourgmestre proposera le retrait des gendarmes contre la promesse des grévistes d’abandonner leurs positions et barricades. Sans succès. Plus tard dans la soirée, la gendarmerie tentera de reprendre Monsville par la force mais, une fois de plus, Monsville répond en plongeant ses ruelles dans l’obscurité. L’assaut se terminera dans un bain de sang. Le vent amène les accents de l’Internationale depuis le quartier assiégé que, dans l’intervalle, on a surnommé le ‘Petit Moscou’. La gendarmerie finira par se retirer mais les représailles contre les mineurs ‘subversifs’ seront terribles...

Des mineurs sont réquisitionnés pour l’entretien des mines, ils refusent! Huit cents dossiers sont alors établis contre ceux qui ne répondent pas aux réquisitions. Dix grévistes sont poursuivis en justice pour faits de grève.

Omer Sturbois, vingt ans, est abattu par la gendarmerie, un autre travailleur est grièvement blessé au cours des combats. Lors des funérailles du jeune ouvrier assassiné, 25.000 ouvriers sont présents! C’est précisément le jour et l’occasion que choisit le syndicat pour mettre fin à la grève! Les communistes, Lahaut en tête, appellent au contraire à la poursuivre. Les enfants des grévistes sont emmenés dans d’autres régions minières et dans le nord de la France. Pendant cinq jours encore, la grève tiendra le coup dans le Borinage. Mais affamés et trahis une nouvelle fois par le syndicat, les grévistes doivent renoncer après plus de deux mois de résistance héroïque.

Grèves communistes au port d’Anvers

A la fin des années vingt, diminutions salariales et suppressions des droits des travailleurs se succèdent sans relâche. A Liège et à Anvers se déclenchent alors des mouvements de grèves qui vont ébranler les patrons. La grande grève du port d’Anvers de 1928, lancée et dirigée par les dockers du Parti Communiste, en fait partie... Elle durera un mois et 15.000 dockers y participeront. C’est la première fois que le BTB (le syndicat réformiste) se voit contraint de marquer son accord pour une grève qu’il désapprouve. La colère est telle que le BTB doit également accepter ce qu’il avait toujours refusé jusqu’ici: la création par les dockers communistes d’un comité de grévistes, chargé de diriger la lutte. Les semaines avant la grève des dockers, les réparateurs de navires avaient déjà cessé de travailler. Les journaux de l’époque, Neptune, Le Matin, L’Etoile belge, leur avaient alors tiré dessus à boulets rouges en titrant: «Grève communiste au port», «Les dirigeants du syndicat se sont fait évincer», «Les communistes dictent leur loi au syndicat», «Le syndicat est complètement infiltré par les communistes»! Seul Le Drapeau Rouge a relaté objectivement les raisons de ce mouvement. Les réparateurs de navires ne protestaient pas seulement contre leurs conditions salariales, ils dénonçaient également leur système d’embauche quotidienne, où des travailleurs devaient venir parfois de très loin pour dénicher un travail… ou non. Ils exigeaient aussi que l’on cesse de faire travailler les ouvriers de vingt-quatre à trente-six heures d’affilée, alors qu’il y avait tant de chômeurs. L’action s’est rapidement étendue aux docks et cette grève très importante de 1928 a été couronnée par une victoire.8

L’attrait de l’URSS

La fin des années 20 ne fait que confirmer l’attrait irrésistible qu’exerce l’Union soviétique. Un attrait qui ne peut être mieux décrit que par le fondateur et dirigeant des Amis de l’URSS, le travailleur liégeois Jean Derkenne.9 Il est actif aux tramways (on ne disait pas encore ‘trams’, à l’époque) et participe à la grande grève de 1929 qui se termine par le lock-out de tous les grévistes de la compagnie vicinale. Le patron embauche des ‘jaunes’, non qualifiés, avec tous les risques que cela comporte pour la sécurité, tandis que les grévistes licenciés doivent repasser par le bureau d’embauche pour percevoir un salaire inférieur à celui des briseurs de grève !

Derkenne fonde alors son organisation, les Amis de l’Union soviétique, qui diffuse à Liège le journal La Russie Nouvelle, tirée à 700 exemplaires, dont 400 sont écoulés par un réseau de travailleurs que Derkenne avait constitué dans chaque usine. Depuis 1928, Derkenne organisait chaque semaine la projection d’un film sur l’Union soviétique qui attirait entre 900 et 1.200 travailleurs! Le film Le chemin de la vie, traitant de l’accueil et de l’éducation des orphelins en Russie, fait forte impression, tout comme La jeunesse de Maxime, Le cuirassé Potemkine ou La ligne générale.

Des travailleurs convaincus partent visiter l’Union soviétique et ramènent de leur voyage des rapports élogieux, comme la brochure d’Eugène Maistriau.10 Les travailleurs qui se sont rendus en Russie multiplient les conférences et permettent ainsi aux ouvriers de se rapprocher de l’alternative révolutionnaire qui prend alors une forme plus concrète. Dans les Maisons du Peuple, on projette également des films russes et l’Union soviétique devient tellement populaire auprès des travailleurs que le bourgmestre de Herstal finit par intervenir dans les débats. D’après lui, les bolcheviks construisent, spécialement pour leur propagande, des ‘usines modèles’ le long des lignes de chemin de fer, pour en mettre plein la vue aux touristes...

Durant la guerre, presque tous les Amis de l’Union soviétique serviront de courrier pour la diffusion de la presse clandestine communiste et de la presse syndicale, mettant ainsi leur vie en péril. Jean Derkenne explique ainsi le peu de dénonciations: «Il s’agissait de centaines d’ouvriers disciplinés, qui se connaissaient tous, il ne pouvait pas y avoir beaucoup de problème. Et en cas de problème, nous nous occupions du traître.»

Double stratégie syndicale

En 1930, Julien Lahaut fonde un syndicat révolutionnaire avec des mineurs, la Centrale Révolutionnaire des Mineurs (CRM), laquelle comprend également de nombreux métallurgistes. Dès cette année, c’est cette CRM qui va organiser et diriger les luttes contre les diminutions salariales, pour de meilleures conditions de travail, pour une autre société. Dans son programme de revendications se retrouvent certains points que les mineurs de l’Union soviétique ont déjà acquis, comme la journée de six heures lorsqu’on travaille au fond.

1930 est aussi l’année de la création de l’Opposition Syndicale Révolutionnaire (OSR). Quelle que soit la voie que l’on choisit sur le plan du travail syndical, celle-ci est toujours déterminée par les circonstances historiques du moment. Dans les années vingt, il faut tenir compte d’un élément spécifique: en de nombreux endroits, le syndicat était encore inexistant. Le PC a donc opté pour une double ligne de conduite. Là où les travailleurs n’étaient pas encore syndiqués, il était préférable de fonder la CRM, là où un syndicat existait déjà, la priorité était de constituer une OSR avec les meilleurs travailleurs, les plus combatifs. Le but de ces deux organisations était d’être présent sur les deux fronts: une centrale propre et une opposition au sein des centrales syndicales réformistes existantes, pour impliquer directement le plus grand nombre de travailleurs au cœur du processus révolutionnaire.

La grève de 1932, la résistance ouvrière dans le feu de l’action

En février 1932, une nouvelle catastrophe minière se produit, à Marchienne cette fois. Henri Glineur, dirigeant ouvrier du Parti Communiste, dénonce dans son discours l’hypocrisie du roi venu consoler les veuves des mineurs alors qu’il est actionnaire de la société qui exploite le charbonnage. Avec d’autres dirigeants du parti, Glineur est alors accusé de ‘complot’ contre l’Etat. Il est en outre accusé personnellement de ‘lèse-majesté’. Il est toujours emprisonné lorsqu’il est élu député par les mineurs de Charleroi en septembre 1932.11

La courte période de concessions, destinée à saper l’esprit révolutionnaire parmi les travailleurs, est déjà révolue. Le capitalisme ne peut plus cacher qu’il est de nouveau en crise et les travailleurs se heurtent systématiquement au devoir de conciliation, que les dirigeants syndicaux ont conclu avec le patronat et l’Etat. Mais il n’y a même plus moyen de discuter avec des patrons toujours plus agressifs qui imposent partout diminutions salariales et fermetures d’usines.

En un temps record, la Centrale Révolutionnaire des Mineurs (CRM) prend une influence considérable. Au sein des centrales syndicales réformistes, il faut en outre compter avec la combativité de l’Opposition Syndicale Révolutionnaire (OSR). Quand les salaires baissent à nouveau de 10% au début de l’été 1932, les mineurs du Borinage cessent le travail...

Le 24 juin 1932, Julien Lahaut prend la parole à l’occasion d’un meeting à la Maison du Peuple de Wasmes. Malgré les violences physiques auxquelles se livrent quelques provocateurs envoyés par le dirigeant syndical réformiste Delattre, il dénonce, durant une heure et demie, la politique du POB et du syndicat réformiste qui conduisent constamment les travailleurs à la défaite. Il transforme le meeting en assemblée de grève et la masse le porte sur ses épaules à travers les rues de Wasmes. La grève est déclenchée. Dix mille mineurs en donnent le signal de départ. Des grévistes se rendent à vélo à La Louvière, Charleroi et Liège pour y chercher le soutien des autres mineurs. Dans la région liégeoise, les puits de mines sont aussitôt occupés par les travailleurs, empêchant l’application du lock-out, comme ce fut le cas lors de la grève des tramways de 1929. Stratégiquement parlant, c’est un coup de maître. A Charleroi, les sidérurgistes se mettent solidairement en grève eux aussi et, en très peu de temps, le mouvement compte 210.000 grévistes!

Le gouvernement Renkin-Copée interdit la circulation à… vélo dans les propriétés minières et, dans toutes les régions industrielles, l’état de siège est décrété. Cela n’effraie pas les mineurs limbourgeois – dont de nombreux travailleurs étrangers qui ont fui le fascisme – de participer eux aussi à la grève!

L’interdiction de rassemblement est déjouée de façon créative (comme on peut le voir dans le film de Joris Ivens). La police, elle aussi, fait preuve d’imagination et une lutte à couteaux tirés s’engage entre les grévistes dirigés par la CRM et le Parti Communiste de Lahaut et Glineur d’une part, le POB, le syndicat réformiste dirigé par Delattre, le gouvernement et les patrons des charbonnages, d’autre part. Une fois de plus, le ‘Secours Rouge International’, organisation communiste d’aide internationale, propose à la CRM de transférer les enfants des mineurs dans des familles d’accueil du nord de la France et même d’Allemagne. Cette proposition est violemment attaquée dans le quotidien Le Peuple. A Charleroi, le Palais du Peuple, siège du POB, doit être gardé par des gendarmes aux commandes d’un véhicule blindé, pointant sa mitrailleuse sur les grévistes. A Roux, le bourgmestre POB décrète l’interdiction de rassemblement. Les dirigeants du POB et les syndicats réformistes dénoncent les travailleurs révolutionnaires à la police. Les femmes prennent alors la tête des manifestations, afin de tempérer quelque peu la répression, en brandissant banderoles et calicots sur lesquels on peut lire «Non à la crise», «Plutôt la mort que la faim pour nos enfants». Au début, l’initiative des femmes est accueillie avec ironie dans la presse. Des femmes en grève? Allons, ça ne se fait pas, voyons! Lahaut n’y connaît rien! Mais quand les femmes se mettent à mener la vie dure aux ‘jaunes’, qu’elles s’installent sur les rails pour bloquer les tramways et qu’elles organisent à Cuesmes une manifestation qui rassemble plus de mille participantes, il devient clair pour tout le monde qu’elles sont en train d’écrire une page d’histoire.

Le 9 juillet, la gendarmerie tire à nouveau sur le peuple. En réaction, les mineurs mettent le feu à la villa de Coppin, le patron houiller de la Providence. Le 10 juillet, à Roux, des gendarmes tuent le jeune mineur Louis Tayenne et, la répression fait de nombreux blessés. Dans tout le pays, se déclenchent de grandes manifestations de solidarité avec des appels adressés aux soldats. On peut ainsi entendre à Gand: «Camarades soldats, refusez de marcher contre les grévistes du Borinage.» En dépit de l’interdiction d’enterrer en public Louis Tayenne et de l’accord entériné à ce sujet par les dirigeants syndicaux réformistes, 6.000 travailleurs se rendent aux funérailles! Ils obtiennent que pas un seul gendarme ne se montre dans les parages du cortège funéraire.12

Misère au Borinage

Pour casser la grève qui a pris trop d’ampleur, le gouvernement fait arrêter les principaux dirigeants... communistes: Glineur, Lahaut, Cordier, Thon, Leemans, et bien d’autres encore. Les journaux communistes sont purement et simplement interdits tout comme la CRM, l’OSR, les Amis de l’URSS et le Secours Rouge qui sont même poursuivis!

La grève échappe alors totalement au contrôle des dirigeants syndicaux réformistes. La mauvaise volonté qu’ils mettent à mener sérieusement la tête du mouvement les démasque et provoque des explosions de colère. A Charleroi, de graves incidents éclatent quand la Maison du Peuple est prise d’assaut par les grévistes et la population. Les recueils de chansons du syndicat réformiste et le journal du POB Le Peuple sont brulés.13

Après avoir obtenu certaines concessions, comme la suppression des diminutions salariales et la non-application de la hausse des prix, les mineurs cessent la lutte, affamés après des mois de grève. La victoire de cette grève historique de 1932 se situe principalement dans la tournure décisive qu’a prise la lutte des classes en Belgique, le degré de combativité exceptionnel qui l’a caractérisée, préparant ainsi la grève générale de 1936. En 1932, la ligne réformiste, qui n’a pu qu’accroître davantage encore la misère des ouvriers, a été condamnée et les travailleurs ont repris confiance dans l’alternative révolutionnaire centrée sur la lutte contre les patrons bourgeois.14

A Wasmes, on brandit un portrait de Karl Marx durant une manifestation, des milliers d’hommes et de femmes serrent les poings et chantent l’Internationale, 1.176 nouveaux travailleurs s’affilient au PC. La CRM tout comme l’OSR prennent de l’ampleur. De toute évidence, la classe ouvrière s’est redressée sous la direction de ses représentants les plus révolutionnaires.

Les deux cents condamnations, les nombreux blessés et la mort de Tayenne n’ont donc pas pu, comme l’espéraient tous ses ennemis, altérer l’esprit de lutte de la classe ouvrière. Un an après la grève, les représailles patronales persistent à l’encontre des grévistes. Dans le quartier de Monobloc, où les maisonnettes du coron sont la propriété du charbonnage, le patron a licencié tous les mineurs et les expulsions domiciliaires se succèdent.

Le Secours Rouge passe à nouveau à l’action et accomplit un travail précieux. Une infirmière se rend sur place et enquête sur les conditions de logement et de vie des familles des mineurs. Le docteur Paul Hennebert constitue un dossier complet qu’il intitule: «Comment on crève de faim au Levant de Mons» (un quartier de Bray). Cette brochure servira de script au chef d’œuvre de Joris Ivens.15 Ce film, Misère au Borinage, réalisé un an après la grève, reçoit un accueil glacial au POB: «C’est un tissu de mensonges, une telle misère n’existe tout simplement pas!», «Ivens n’est pas impartial, son film est tendancieux.»

Le film ne tarde pas à être interdit, Ivens refusant d’en retirer le portrait de Marx. Dans Joris Ivens ou la mémoire d’un regard, de Robert Destanque, le cinéaste déclare: «Ce fut une expérience difficile. Plus difficile que je ne m’y étais attendu. Cet accompagnement m’a amené à prendre des décisions que j’avais trop longtemps reportées. Sans hésiter davantage, je me débarrassai de tout ce que j’avais traîné derrière moi durant des années: mon père, mes responsabilités, mes devoirs et mes racines. Et pour cette raison, je dis qu’avec Borinage mon existence a connu un changement de cap à cent quatre-vingts degrés.»16

Le POB a évidemment une toute autre perception de cette période historique. Ainsi, dans Le Peuple, De Swaef ose déclarer que les mineurs du Levant de Mons ne doivent s’en prendre qu’à eux-mêmes s’ils connaissent la misère, parce qu’ils ont tourné le dos au syndicat !17 Le POB et le syndicat réformiste des mineurs, qui n’ont cessé de combattre la grève et l’influence communiste, publient ensuite une brochure, Histoire de la grève des mineurs – Juillet, août, septembre 1932, dans laquelle quarante pages sont consacrées à calomnier cette grève, à applaudir la répression contre les grévistes et à défendre des points de vue fascistes du genre: «Nous voulons résoudre ce grave conflit et proposer de réembaucher tous les mineurs licenciés en... licenciant tous les travailleurs étrangers qui n’ont pas de famille en Belgique.»18

Quand la faim et la mort frappent…

En 1933, sur l’initiative de l’antenne des chômeurs du PC, des marches de la faim sont organisées dans tout le pays.

En 1933, les grèves des mineurs reprennent de plus belle dans le Borinage et dans la région du Centre, à Charleroi et à La Louvière. Dans le journal Le Peuple du 8 juillet 1933, le social-démocrate Louis Piérard propose une fois de plus de chasser tous les mineurs étrangers du Borinage...

L’année 1934 reste marquée par l’impressionnante commémoration du premier anniversaire de la mort de Tayenne pour lequel plus de dix mille travailleurs se rassemblent. Un excellent petit film relatant l’événement a pu être conservé. Pendant que la CRM et l’OSR prennent chaque jour plus d’importance, le charbonnage Fief-de-Lambrechies à Pâturages (Borinage) est en deuil: une explosion de grisou a fait cinquante-sept morts. Les témoignages de compassion et de solidarité affluent de tous les coins du pays. Constant Malva, l’écrivain de la mine, fait remarquer: «En 1932, nous étions encore considérés comme des êtres révolutionnaires bestiaux qui, dans leur rage primitive, mettaient le feu à l’habitation d’un directeur de charbonnage. Aujourd’hui, brusquement, nous sommes devenus les nobles héros de la nation, alors que nous n’avons pas encore réglé les dettes de 1932.»19

Une autre grève historique est déclenchée cette même année 1934, pas moins de 17.000 ouvriers du textile représentent l’avant-garde de la lutte à l’échelle nationale, contre les nouvelles diminutions salariales et la dernière réglementation du travail qui comporte pas moins de vingt et une sanctions!

On en est déjà à dix semaines de grève au moment où le PC, qui a obtenu quelques élus au parlement, se sert de sa position pour soutenir ouvertement la lutte. La réponse du gouvernement ne se fait pas attendre, il fait à nouveau interdire De Rode Vaan, Le Drapeau Rouge et L’Humanité (à l’époque, le plus important des journaux français).

L’Hennuyer Henri Glineur déclare alors au parlement qu’avec les diminutions salariales, les travailleurs se retrouvent avec les mêmes salaires que les ouvriers de 1913. Mais vingt ans plus tard, les prix ont fortement augmenté. A propos de la crise, Glineur poursuit: «Ce ne sont pas les travailleurs mais bien les patrons qui doivent en faire les frais.» Il dénonce également l’hypocrisie du gouvernement qui annonce des mesures contre la famine mais déclare «n’avoir rien à voir avec la lutte de Verviers». A quoi Glineur, répond: «Le gouvernement au contraire a tout à y voir, car si les choses vont jusque là, l’armée va intervenir, les mitrailleuses parleront, les prisons sont déjà prêtes et les tribunaux vont à nouveau déborder de grévistes.»

Julien Lahaut déclenche une nouvelle lutte dans la région liégeoise qui, depuis le 8 mai 1934, a déjà connu quarante grèves partielles! Lahaut s’attaque au POB et au dirigeant syndical Delattre qui essaient de briser ces grèves en sapant l’influence des révolutionnaires aux piquets avec des discours du genre «Ventre affamé n’a pas d’oreilles». Les mineurs et les métallurgistes qui en ont plus qu’assez des diminutions salariales leur rétorquent: «Nous avons subi tant de restrictions que nous ne pouvons plus nous rendre au travail qu’avec du pain sec.» Les communistes veulent en faire une lutte nationale et, quelques jours plus tard, à Liège, des soldats placardent des affiches dans lesquelles ils expriment leur solidarité avec les grévistes verviétois. Lahaut dénonce aussi l’arrestation et l’expulsion par le gouvernement belge de Richetta, le représentant de la Centrale internationale du Textile, venu de France pour soutenir les piquets.20

La grève va finalement durer cinq mois mais la solidarité avec les grévistes, qui ont à nouveau subi des lock-outs, n’aura jamais cessé de croître. Les 17.000 travailleurs verviétois du textile auront largement contribués à rendre confiance et courage à l’ensemble de la classe ouvrière belge.

La solidarité internationale des travailleurs contre la montée du fascisme

Lorsque Hitler prend le pouvoir en 1933, les révolutionnaires de toute l’Europe accueillent dans leurs familles les enfants des communistes allemands arrêtés. C’est ainsi que Richard Knack atterrit dans la famille de Jean Derkenne qui témoigne: «Il était comme mon fils et il étudiait ici. Il y avait beaucoup de jeunes Allemands à Liège. C’était le Secours Rouge International qui organisait cela et cela fonctionnait très bien. Lorsque la république espagnole a été attaquée par les fascistes de Franco en 1936, la plupart de ces jeunes Allemands sont partis en Espagne pour y combattre à leur tour le fascisme. Richard devint capitaine dans la brigade Thälmann et perdit la vie en luttant contre le fascisme.»21

La manifestation du 1er mai 1933 à Liège est également placée sous le signe de la lutte contre le fascisme. Cette lutte, Julien Lahaut la dirige lui-même, y consacrant beaucoup d’énergie, prenant la parole à des centaines de meetings: «Le fascisme est un assassinat, il conduit à la guerre.» Il accompagne les manifestants qui marchent sur le consulat d’Allemagne où ils y arrachent le drapeau nazi. Au parlement, Lahaut exhibe le drapeau en lambeaux. «Ce sont les travailleurs qui ont arraché ce drapeau fasciste. Quoi que fasse ce gouvernement, les travailleurs continueront à combattre les menées fascistes et le fascisme.»22 Au cours d’une conférence pour la paix à Paris, il déclare une fois de plus la guerre au fascisme au nom du mouvement ouvrier et déchire le drapeau nazi. Il organise des campagnes importantes en faveur de la libération d’Ernst Thälmann et de Dimitrov, défend toutes les victimes de Hitler, de Mussolini et de leurs partisans hongrois, bulgares et roumains.

En octobre 1935, Mussolini envahit l’Ethiopie. Lahaut se rend alors à l’exposition universelle de Bruxelles un dimanche de grande affluence. Depuis les marches du pavillon italien, il s’adresse à des milliers de personnes et leur dévoile toute l’horreur du fascisme italien. Il est arrêté et passe de nouveau quinze jours en prison.23

En cette année 1935, la crise du capitalisme atteint son apogée. Des milliers de mineurs, sous la direction de la CRM, occupent les mines du bassin de la Basse-Sambre et de Charleroi en protestation contre les diminutions salariales qui rabaissent à nouveau les salaires à un niveau de 10 à 15% inférieur à ceux de 1930! Le chômage bat tous les records quand le gouvernement introduit l’état de nécessité parmi les sans-emploi qui ne reçoivent alors déjà plus qu’une indemnité des plus réduites. Ainsi, la simple possession de quelques poulets diminue encore les trop maigres allocations de chômage perçues. Alors que, partout dans le pays et depuis des mois, les travailleurs préparent activement la grève générale, le POB fait la sourde oreille. Et pour cause! Henri De Man a élaboré son fameux ‘plan’ et parcourt le pays en tous sens afin de le promouvoir. Le 19 janvier 1935, en compagnie de Spaak, il vient en parler dans le Borinage. C’est un jour qu’il n’oubliera jamais…

Il décrit lui-même la réaction des travailleurs lorsqu’il leur a dit ne pas être favorable à la grève générale. «Jamais je n’oublierai cette scène insupportable et atroce. A la tombée de la nuit, on voyait, de la tribune construite sur la place du village, des processions énormes et sombres s’amener de toutes parts, sans drapeau, sans fanfare, sans un cri. C’était comme si toute la colère de ce pays de misère s’était rassemblée là d’un seul coup, pour une dernière menace muette. Et cette menace, à certains moments, s’adressait aux orateurs, surtout à Spaak et à moi qui avions demandé à cette masse de ne pas commencer la grève tout de suite. Bien plus impressionnant était le silence de la foule qui s’en est suivi et la façon dont elle s’est retirée et dont les derniers hommes ont disparu dans la nuit après avoir entendu nos discours. Il avait suffi de voir cette foule pour se rendre compte qu’elle n’écouterait pas plus longtemps notre appel à la patience.»24

Dans cet extrait, ressort clairement ce que le ‘socialiste’ De Man pense en réalité des travailleurs: «Une foule sans courage et sans cervelle». Ce mépris s’est retourné contre celui qui croyait détenir le monopole de la vérité, car il ne lui vient même pas à l’esprit que les travailleurs du Borinage ont parfaitement deviné ce qui se cachait derrière son ‘plan’ et qu’ils l’ont rejeté… en connaissance de cause! De plus, il ment en affirmant que l’assistance est restée silencieuse durant le meeting... En réalité, dès le début de sa présentation, les mineurs et les métallurgistes lui avaient répondu au cri de «Grève générale contre le chômage et les diminutions salariales tout de suite!»25

Suite aux élections de 1936, qui voient les travailleurs espagnols écarter du pouvoir les forces fascistes de droite, le 18 juillet de la même année, le nouveau gouvernement veut appliquer des réformes agraires. Franco prend alors les armes, soutenu dans son entreprise par l’aviation de Hitler et de Mussolini. De nombreux meetings de solidarité et des collectes de nourriture sont organisés en Belgique, plus de deux mille antifascistes partent combattre en Espagne, pour la plupart des travailleurs. Parmi ces combattants, 30% viennent de Bruxelles, 15% de Flandre et 55% de Wallonie.26

A cette époque aussi, de jeunes Espagnols sont accueillis dans des familles ouvrières liégeoises. Nous retrouvons Jean Derkenne à ce propos: «Il y avait des fillettes si jolies, et ma femme et moi avions des conversations à ce sujet. Eduquer une fille, cela nous paraissait convenable, vu que nous avions déjà deux fils. Mais alors, tous ces gosses en provenance d’Espagne ont débarqué tous ensemble, et on devait choisir. Ma femme a eu exactement la même idée que moi: elle ne voulait pas choisir. Elle voulait accueillir celui ou celle dont personne n’avait voulu. ‘Viens voir un peu ta petite fille, Jean!’ A-t-elle dit. C’était un jeune Basque élancé de treize ans, Mendiola. Il est resté trois ans ici et il nous a appris l’espagnol. Aujourd’hui, il a dans les soixante-dix ans et nous n’avons jamais rompu le contact. A l’école, il était toujours le premier.»27

Lahaut accompagna des convois de nourriture et d’autres approvisionnements jusqu’à Valence et Madrid et en profita pour se rendre sur le front afin d’y saluer les troupes belges antifascistes. Dès son retour, il multiplia les interventions au parlement pour forcer le gouvernement belge à soutenir la république espagnole. En vain… Dans sa propre famille, il recueillit trois petits Espagnols.28

1936: grève générale après deux meurtres fascistes

En Belgique, les élections de mai 1936 ont permis aux organisations fascistes de récolter un nombre de voix honteux et très inquiétant! A Anvers notamment, certains fascistes pensaient qu’ils pouvaient désormais se permettre tout et n’importe quoi... Dans la nuit du 25 au 26 mai, ils tuent deux travailleurs.

Bert Struyf, né en 1916, docker pensionné et ancien guide municipal de la ville d’Anvers, était présent ce soir-là et témoigne: «J’avais vingt ans à l’époque et j’étais actif au sein de la jeunesse syndicale. Dans les années 30, il y avait beaucoup de pauvreté parmi les dockers. De nombreux enfants étaient malades. La tuberculose était un véritable fléau. Des centaines de travailleurs louaient comme mon père une chambre en ville, où ils dormaient souvent à cinq. C’était en quelque sorte les premiers immigrés à Anvers. Dans la Huikstraat, on peut encore voir ce genre de logements. On y retrouvait des dockers qui venaient de Campine, voire de plus loin encore.»

Mais venons-en aux deux meurtres... Jef Struyf: «Nous avions suspendu une grande banderole au Marché-aux-Chevaux et une nuit, les fascistes y ont mis le feu. Nous, de la jeunesse syndicale, nous nous réunissions dans la cave de la rue Breydel pour y élaborer des plans de défense contre les fascistes. Dans la soirée du 25 mai, quelqu’un fait irruption dans notre local et crie: ‘Ca y est! Ils remettent ça!’ Nous avions une petite voiture où nous nous sommes tout de suite engouffrés, histoire de nous rendre sur place et de nous occuper des fascistes. Quatre d’entre eux, deux hommes et deux femmes, étaient en train de coller quand notre responsable, Charel De Wit a débarqué: la bagarre a éclaté. Lorsque nous fûmes à quatre ou cinq mètres des fascistes, l’un d’entre eux a brusquement sorti un revolver et a tiré. Albert Pot s’est écroulé. Nous ne le savions pas encore, mais il avait été tué sur le coup. Nous avons essayé d’attraper le coupable, mais il s’est enfui. Nous sommes quand même parvenus à maîtriser une des deux femmes. Elle a appelé au secours et l’homme a fait demi-tour. A cet instant, Theo Grijp qui s’amenait sur son vélo, a attrapé l’homme qui a tiré à nouveau. Grijp, lui aussi, a été tué net. Nous nous sommes tous mis à la poursuite du tireur et avons fini par l’encercler avec l’aide d’un douanier qui passait dans le coin. C’est avec son arme de service que nous avons pu maîtriser le tireur jusqu’à l’arrivée de la police. Mais au bureau de police, ils nous ont enfermés dans la même pièce que le coupable. Vous vous rendez compte! La femme, ils l’ont laissée filer. L’assassin, Wauters, n’a reçu que cinq ans pour chacun des deux meurtres et six mois pour port d’armes illégal. Le procès n’a eu lieu qu’en 1938! Lorsque Hitler a occupé la Belgique, Wauters a naturellement été libéré. Il est allé habiter à Tilff, dans la province de Liège. Là, en pleine guerre, les résistants lui ont rendu visite et l’ont abattu. Ainsi, le drame était enfin réglé. Pot et Grijp ont été enterrés et leur cercueil a été porté de la rue Breydel à la rue Brederode. Jamais il n’y a eu autant de monde lors d’un enterrement.»29

Le lendemain des deux meurtres, le 26 mai 1936, la grève générale est déclenchée au port d’Anvers à l’instigation des dockers communistes. Les réparateurs de navires, les ouvriers du diamant et les travailleurs des transports y participent. Le BTB distribue un tract …contre la grève! Le premier soir, dix mille travailleurs sont rassemblés au Sportpaleis et écoutent avec enthousiasme les dirigeants du PC. Le 2 juin, les dockers occupent plusieurs bateaux qui n’ont pas encore arrêté le travail. Une fois encore, le BTB distribue un nouveau tract défaitiste qui recommande instamment de reprendre le travail: «Dockers! Ne courez pas au suicide!» «Nous nous opposons aux grèves déraisonnables», y est-il écrit en lettres majuscules. Au Marché-aux-Chevaux, le local du BTB est bondé de grévistes, ce qui oblige de fait le BTB à reconnaître la grève s’il ne veut pas être tout à fait dépassé par les événements. Mais il espère secrètement pouvoir y mettre un terme dans les plus brefs délais.

Le BTB sera déçu. Dans l’ensemble du pays, les travailleurs n’attendaient qu’un signal. Le 12 juin, tous les mineurs sont en grève. Tant sur les tours à molettes que sur les terrils, des drapeaux rouges flottent au vent. A la FN de Herstal, ce sont les femmes qui arrêtent l’usine à l’appel des révolutionnaires.

C’est la plus grande grève générale que la Belgique ait connue: le 21 juin, il y a 500.000 grévistes! Même les dirigeants syndicaux réformistes ne peuvent faire autrement que de s’en accommoder.

Le cahier national de revendications est le suivant: 1. non-application des diminutions salariales; 2. adaptation des salaires, avec un salaire minimal de 32 francs par jour, 3. la semaine de travail de 40 heures, 4. une liberté syndicale complète et 5. une semaine de congés payés.

Au vu de la situation internationale – la montée du fascisme suscite un peu partout une lutte acharnée – et étant donné la forte percée des organisations fascistes en Belgique aux dernières élections, il est surprenant que le PC n’ait pas avancé de revendications antifascistes telles que «Totale reconnaissance et solidarité du gouvernement belge avec la République espagnole» ou «Interdiction de tous les partis fascistes dans notre pays, combien de Pot et de Grijp faudra-t-il encore?» Cela aurait évidemment conféré à la grève de 1936 une dynamique bien supérieure encore…

Le gigantesque mouvement s’est donc transformé en une formidable lutte pour obtenir les revendications formulées, ses forces les plus vives s’employant à les concrétiser.

Le gouvernement, qui voyait dans cette grève le prolongement des luttes de 1932 et de 1934, a recours à la même répression. Dans le Hainaut, à partir du 17 juin, tous les meetings, manifestations, débats en plein air, rassemblements sur la voie publique, sont interdits. Un véritable état de siège... Même la circulation à vélo sur le territoire de Charleroi est proscrite!

Tandis que la direction syndicale social-démocrate fait tout pour saper la grève de l’intérieur, dans le Hainaut, la gendarmerie l’attaque violemment de l’extérieur. Au cœur de la lutte ouvrière dans le Borinage, on assiste à d’incessantes provocations policières.

Le 16 juin, de très durs combats ont lieu avec les grévistes du ‘Petit Moscou’, à Monsville, à Quaregnon. Les travailleurs rassemblés dans la Maison du Peuple ont été canardés pendant une demi-heure par la gendarmerie qui a fait plusieurs blessés. La Maison du Peuple est dans un premier temps évacuée par les gendarmes qui s’introduisent ensuite de force dans toutes les habitations des grévistes. Femmes, malades, enfants, tout le monde se fait matraquer dans son propre logement. La veuve Boitel est ainsi tuée sur le pas de sa porte par une balle de la gendarmerie...

A partir du 14 juin, les dirigeants réformistes des syndicats comme Bondas et Rens tentent de mettre fin à la grève en déclarant que les exigences principales ont été obtenues, alors qu’en réalité, seules de vagues promesses ont été prononcées. Le 21 juin, ils se risquent au même stratagème. «Nous savons que le gouvernement n’ira pas plus loin dans ses concessions. Devons-nous poursuivre la grève et risquer de faire tomber le gouvernement? Dans ce cas, il y a vraiment peu de chance qu’on vote la loi en faveur de la semaine de 40 heures.» Ils sont impuissants car le mouvement est puissant et résiste! Le 22 juin, quand la semaine de 40 heures est accordée dans certains secteurs, ils parviennent à convaincre une partie de la direction de la grève d’inciter les grévistes à en finir avec leur action. Les dirigeants révolutionnaires du PC affirment de leur côté qu’il y a beaucoup plus à gagner de cette grève et que celle-ci doit donc se poursuivre. Les travailleurs tiendront jusqu’au 6 juillet, date à laquelle le PC les invite également à reprendre le travail au nom de l’unité qui, pour la toute première fois, a été réalisée entre les militants syndicaux réformistes et les révolutionnaires.

Ce n’est qu’un an plus tard, au cours de l’été 1937, que le PC dresse son bilan pour constater que non seulement la semaine des 40 heures n’est toujours pas devenue une réalité mais surtout, qu’elle n’a été promise que dans les deux secteurs où les révolutionnaires avaient le mouvement en main: dans les charbonnages et aux docks d’Anvers!

1936 représentait ‘l’année des grandes concessions aux travailleurs’. Les libertés syndicales demeurent pourtant tout aussi limitées que précédemment. A la grève succède même un projet de loi du ministre de la Justice Bovesse, l’application de l’article 130 qui stipule que toute personne ayant l’intention de lancer une grève sans passer par les organes de concertation pourra être condamnée. L’émoi profond qui secoue le mouvement ouvrier contraint néanmoins Bovesse à supprimer sa proposition de loi.30

La résistance farouche des travailleurs sous l’occupation

Lorsque Hitler attaque la Belgique, le roi collabore directement en donnant l’ordre à l’armée de se rendre. De son côté, le président du POB De Man qui, depuis quelques années, ne dissimulait même plus son admiration et son enthousiasme pour les nazis, dissout son parti à la fin du mois de juin 1940. De nombreux dirigeants syndicaux, mêmes réformistes, réalisent alors qu’ils doivent prendre leurs distances vis-à-vis de De Man et choisissent de partir à l’étranger. Après de multiples errances, notamment en France, ils rejoignent le gouvernement belge en exil installé à Londres. Ils ont donc lâchement abandonné les travailleurs aux fascistes et le syndicat réformiste cesse d’exister. De Man a bien tenté de fonder un syndicat de collaboration, l’UTMI (Union des Travailleurs Manuels et Intellectuels), mais celui-ci n’obtiendra jamais nulle part le moindre résultat significatif.

Chlepner écrit: «Au cours de la Seconde Guerre mondiale, le mouvement syndical réformiste est resté en veilleuse. Le gros du travail des dirigeants syndicaux consistait à préparer la situation de l’après-guerre. Les contacts entre les patrons et les dirigeants syndicaux en exil ont débouché sur le ‘pacte social’. Au lendemain de la guerre, le syndicat socialiste a traversé la plus grande crise de son histoire. Au moment de la Libération, les travailleurs éprouvaient le plus de sympathie à l’égard des organisations syndicales à tendance communiste, qui s’étaient battues pendant des années pour l’unité syndicale à la base et qui partout avaient dirigé la lutte ouvrière.»31

La résistance dans les usines

Les grèves et les luttes ouvrières n’ont pas cessé sous l’occupation, loin de là! Mais nous nous limiterons ici aux magnifiques exemples vécus à Liège et dans le Borinage.

A cette époque, des tracts circulent, stipulant que la lutte contre les mauvaises conditions de vie est indissociable du combat de libération à mener contre l’occupant. Dans tout le pays, les actions de sabotage dans la production industrielle se multiplient, notamment dans la production houillère du Borinage où les partisans rédigent des tracts à l’attention des travailleurs qui sont touchés par leurs actions: «Aux mineurs de Hornu-Wasmes. Camarades mineurs, des partisans bien entraînés ont mis nos puits à l’arrêt. En agissant de la sorte, nous avons privé Hitler de millions de tonnes de charbon. C’est une victoire pour le Borinage. Mais nous devons agir contre le fait que cela prive les mineurs de travail. Nous ne pouvons accepter de ne recevoir que deux jours de salaire. Exigez d’être payés immédiatement pour toute la période. Combattons pour obtenir cela et ne reculons pas. Va-t-on se décider à nous payer, ou va-t-il falloir que nous nous mettions en grève?»32

De nombreux comités syndicaux organisent aussi bien la lutte que la résistance. Des avertissements sont lancés aux patrons, avec menace de grève en cas de collaboration avec la politique de l’envahisseur! «Tous les mineurs des puits doivent étroitement se solidariser et organiser la résistance. Pour cela, formez et renforcez votre comité de lutte syndicale Mineurs! Tous unis et toujours moins de charbon pour Hitler! Comité de Lutte Syndicale des mineurs du Borinage!»33

Louis Neuray témoigne: «En août 1940, je fais savoir à Lahaut qu’un ingénieur des ACEC-Liège peut me faire embaucher. Lahaut me répond: ‘Fais-toi embaucher. Je ne dois pas te faire un dessin. Aux ACEC, tu vas pouvoir montrer que, malgré l’occupation, l’action syndicale n’est pas morte et que l’essence de la lutte contre l’occupant se déroule dans les usines. Combattre le patron, c’est également combattre l’occupant.’»34

Neuray a donc trois missions bien spécifiques. Primo. Mener la lutte de toutes les manières possibles afin d’assurer un meilleur approvisionnement aux travailleurs en pommes de terre, pain (des rations plus consistantes) et la distribution gratuite d’un bol de soupe dans le réfectoire de l’usine. Secundo. Freiner le ‘système Bedaud’ dont l’objectif était d’accroître le rythme dans les usines afin d’atteindre une plus grande production pour l’effort de guerre. Tertio. Mener la lutte contre le blocage des salaires par l’occupant.

Neuray parvient à ses fins et c’est pour cela que le 14 décembre 1940, il est licencié. Au moment où retentissent les sirènes annonçant la fin de la journée de travail, les travailleurs restent dans l’usine pour écouter en masse son dernier discours. Neuray commence par remercier les travailleurs pour la confiance qu’ils lui ont toujours témoignée ainsi que pour leur combativité. Il leur recommande ensuite chaudement de ne pas s’en tenir à la seule lutte pour des améliorations matérielles. «N’oubliez pas que la plus haute forme de votre lutte est celle contre l’occupant.» Les ouvriers l’applaudissent à tout rompre. C’est le moment que choisit un travailleur révolutionnaire pour grimper et le rejoindre sur l’estrade. Il se met à crier qu’il serait lâche de ne pas faire grève pour la réintégration de Neuray, le meilleur délégué de ces vingt dernières années. Dans une unanimité quasi parfaite, les ACEC entament donc une grève pour la réintégration de Neuray qu’ils décident de diriger …contre les Allemands! Ils réquisitionnent plusieurs tramways pour aller manifester devant la Kommandantur. La Gestapo menace alors de jeter tous les délégués en prison, ce qui se produit effectivement le 17 décembre 1940. Dans toute la région liégeoise, on chaule «Libérez Neuray» sur les murs et des tracts sont distribués. Neuray ne quittera cependant pas la prison avant la fin de la guerre. Au sujet de son incarcération, il racontera: «Parmi les tâches que les Allemands m’ont imposées, je n’en ai effectué aucune convenablement, aucun des outils que j’ai dû réparer n’a plus jamais fonctionné.»35

1941: la grève des 100.000

Le 10 mai 1941, Julien Lahaut parvient à organiser une grève de 100.000 sidérurgistes, qui s’étend de Liège au nord de la France! Une délégation de grévistes se rend à Bruxelles pour négocier avec les patrons, mais ceux-ci se dérobent sournoisement. De retour à Liège, 25.000 travailleurs se rassemblent et se massent jusqu’au pont de Seraing. Un groupe d’officiers allemands exige du comité de grève qu’il lance un appel en faveur de la reprise du travail. Ayant essuyé un refus cinglant, les Allemands armés de baïonnettes, de canons et de lance-grenades s’apprêtent à charger et à tirer dans la foule que survole en des cercles inquiétants, un impressionnant avion de guerre allemand! Lahaut demande dix minutes pour pouvoir se concerter avec les travailleurs. Il leur propose de disperser la manifestation tout en exhortant l’assistance à poursuivre la grève. Celle-ci durera quatorze jours de plus et, pour les grévistes, elle se terminera par une victoire sur toute la ligne: en pleine période de guerre, toutes leurs exigences sont satisfaites! Le 22 juin 1941, Lahaut est arrêté et incarcéré en guise de représailles. Il tentera de s’échapper de la citadelle de Huy mais se brisera une jambe. Il sera ensuite transféré dans plusieurs camps de concentration jusqu’à la fin de la guerre et c’est plus mort que vif qu’il sera libéré le 28 avril 1945 du camp de Mauthausen.36

35.000 partisans armés, mais la révolution n’aura pas lieu

En 1945, la résistance est forte de 35.000 partisans armés contre 20.000 unités pour les forces de l’ordre. Le combat contre le capitalisme, qui avait une nouvelle fois amené la classe ouvrière à la guerre, au fascisme, au chômage et à la famine, relevait du domaine du possible. Pourtant, la direction du PC n’a jamais semblé vouloir prendre ses responsabilités en menant ce combat à son terme, alors que la classe ouvrière détenait le pouvoir au lendemain de la guerre, ce que ne contestaient même plus ses ennemis historiques. La direction du PC a donc trahi la révolution, jour après jour et durant des mois à partir de la Libération.

Lorsque le gouvernement en exil revient de Londres, affolé, il exige le désarmement des partisans en échange de la promesse de leur incorporation dans l’armée régulière. Il s’agit bien sûr d’un nouveau mensonge comme on pourra s’en rendre compte rapidement. Une grande partie des partisans a gardé ses armes, ne rendant que de vieux fusils pour la plupart inutilisables. Les partisans liégeois qui ont également combattu dans les Ardennes, fin 1944, contre l’offensive allemande de Von Rundstedt ont caché leurs vraies armes dans les grottes de Comblain jusqu’en 1950, n’hésitant pas à les réutiliser.

L’accord sur la Sécurité sociale

En 1983, Dehaene, à l’époque ministre des Affaires sociales, réalise une étude sur la sécurité sociale dans laquelle il affirme que celle-ci n’est pas une donnée statique mais dynamique, en mouvement permanent et fluctuant sur les vagues des rapports de force socio-économiques. Dehaene écrit: «Chez nous, la sécurité sociale a été appliquée en 1944 suite au remarquable rapport Beveridge. Beveridge mettait l’accent sur la solidarité alors que la Belgique avait été un pays qui appliquait plutôt le système d’assurance cher à Bismarck, celui qui pose le lien avec le travail.»37 En d’autres termes, la Belgique de 1944 baignait dans un climat révolutionnaire et, dans de telles conditions, il fallait faire beaucoup plus de concessions qu’en toutes autres circonstances.

Une autre personnalité souligne cette thèse et la met en évidence. Et le personage est bien placé pour le faire. Il s’agit du grand patron Bekaert, qui avait volontiers collaboré avec les Allemands et qui, vers la fin de la guerre, se rendait compte mieux que personne à quel point le climat était devenu révolutionnaire. Il en avait d’ailleurs alerté le gouvernement à Londres. «La société doit changer en profondeur par rapport à la période d’avant la guerre, les conditions de vie des travailleurs et des employés doivent connaître des améliorations très sérieuses. Non seulement les salaires doivent augmenter, mais il faut également élaborer un système de sécurité sociale à part entière.»38 On peut résumer cela ainsi: donnez aux travailleurs ce qu’ils exigent, sauf le pouvoir, sinon nous ne survivrons pas à cette période.

Entre la bourgeoisie, le gouvernement et les dirigeants syndicaux survivants, un pacte social est alors conclu rapidement et des concessions sont accordées aux travailleurs en échange de la destruction du pouvoir des révolutionnaires. La bourgeoisie craint le pire pour les élections et les ajournera à plusieurs reprises. En effet, en août 1945, le PC compte plus de cent mille membres, les comités syndicaux atteignent 166.000 adhérents! Lors des élections en 1946, il obtient 12,6% des voix sur le plan national, dont 29% à Mons et dans le Borinage, 25% à Liège et à Charleroi, 24% à Ath et à Tournai.39

Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, le PC va donc participer au gouvernement et occupera quelques postes ministériels. Son point de vue sur la reconstruction du pays après la guerre est que celui qui se met en grève fait le jeu des trusts. «Dans les circonstances actuelles, le progrès signifie développer à tout prix la production. C’est en accord parfait avec les intérêts des travailleurs. A ceux qui craignent le compromis avec les capitalistes, nous demandons simplement d’ouvrir les yeux et de regarder le comportement des trusts et des monopoles. Alors nous verrons que ceux-ci, plutôt que d’augmenter la production, font tout pour la saboter et pour la freiner par tous les moyens. Les intérêts de ces trusts sont opposés à ceux du pays et la lutte pour la production est donc dirigée contre les trusts.»40

Mais une fois la production relancée, la bourgeoisie n’a plus besoin du PC et les bourgmestres communistes sont boycottés. Ainsi à Roux, près de Charleroi où Henri Glineur a été élu, le gouvernement répond à ce choix populaire en fermant le robinet à subsides pour sa commune, laquelle ne peut plus alors assumer les besoins les plus élémentaires de ses habitants. A cause de cet embargo capitaliste antidémocratique, Glineur doit démissionner de ses fonctions de bourgmestre.41 Ceci dit, le Glineur de 1932 ne se serait pas laissé faire aussi facilement! Il aurait mobilisé toute la population de Roux pour aller exiger jusqu’à Bruxelles l’argent auquel sa commune avait droit. Mais Glineur ne reçoit plus aucune directive révolutionnaire et il renonce!

Le comportement des dirigeants du PC à cette époque soulève forcément de nombreuses questions. En effet, ils se sont laissés déposséder sans résister de l’emprise qu’ils exerçaient sur les travailleurs et sur la direction de la lutte syndicale avant, pendant et après la Seconde Guerre mondiale. Craignaient-ils de diriger les travailleurs après la victoire? Une victoire qui pouvait et devait impérativement se traduire par le renversement total du système capitaliste et de son seul maître, la bourgeoisie. Et si l’instauration d’une société réellement socialiste n’était pas l’objectif du PC, que visait-il alors?

La fondation de la nouvelle FGTB ou la lente éviction des syndicalistes révolutionnaires…

Lors de la fondation de la nouvelle FGTB, la direction du PC se fait rouler, elle aussi, sur toute la ligne, par ceux qui voulaient, le plus rapidement possible, évincer les révolutionnaires du syndicat. La nouvelle FGTB n’est rien d’autre que la fusion, en avril 1945, entre les survivants du syndicat réformiste d’avant-guerre et les comités d’unité syndicale révolutionnaire.

Dans son ouvrage, Chlepner a défini ses composantes en chiffres précis: la Confédération Générale du Travail de Belgique compte 248.259 membres; la Confédération belge des Syndicats Uniques, 165.968 (ce sont les comités d’usines qui, pendant la guerre, dirigeaient les luttes des travailleurs et qui étaient financés par les communistes); le Mouvement Syndical Unifié, 59.535 (plutôt du côté du syndicat révolutionnaire) et enfin, le Syndicat Général des Services Publics, 51.798, sous influence communiste. Ensemble, ils constituent la FGTB.42

Après la fusion, quelques centrales révolutionnaires continuent à fonctionner de manière autonome, notamment celles des mineurs, des ouvriers de la pierre, du textile, des dockers, des réparateurs de navires. Fin 1946, la direction de la FGTB décide que, pour le 1er mars 1947, il n’y aura plus qu’une seule centrale par secteur industriel et par région, toutes les centrales dédoublées devant donc être liquidées. Nous savons avec certitude que le dirigeant des dockers et responsable du PC, Frans Van den Brande, avait maintenu jusqu’en 1949 un groupe syndical révolutionnaire au sein du BTB. Pour avoir refusé de le dissoudre, il sera exclu de la FGTB cette année-là.43 Officiellement, il ne reste plus que deux secteurs industriels où deux centrales ont continué à exister simultanément: les mineurs et les ouvriers de la pierre. Ces derniers seront eux aussi exclus de la FGTB en 1950.44

Et dire qu’au lendemain de la guerre, les rapports de force étaient clairement à l’avantage des syndicalistes de tendance révolutionnaire… La nouvelle FGTB s’est donc employée activement à les renverser jusque dans les années 1950. Cependant, sur le terrain, l’influence et le rôle prépondérant des travailleurs révolutionnaires au sein de la FGTB et du mouvement ouvrier se ressentent encore aujourd’hui...

Vic Thijs, actif dans la centrale métallurgiste de la FGTB et plus tard, mandataire politique du PSB, décrit en détail les difficultés rencontrées avec les ‘communistes’ dans cette période d’après-guerre. Il a dressé un compte rendu vivant et pathétique de l’impuissance des dirigeants réformistes qui, d’année en année, devaient constater la confiance dont jouissaient les communistes auprès des travailleurs. Les grèves de 1948, auxquelles ont participé 250.000 sidérurgistes et 175.000 mineurs, ne se résument d’ailleurs à leurs yeux qu’à des mouvements complètement manipulés par les communistes. Même la lutte des travailleurs frontaliers en 1948, est qualifiée d’«entreprise communiste visant à faire tomber le gouvernement Spaak». La réalité, c’est que ces luttes étaient effectivement dirigées par les seuls syndicalistes révolutionnaires affiliés à la FGTB, tout comme celles des années 1950 et 60 d’ailleurs.45

Qui est mieux placé que Georges Debunne, président de la FGTB de 1968 à 1982, pour nous fournir une description de ces rapports de force sur le terrain et de l’influence durable des révolutionnaires au sein de la FGTB: «En réalité, après la Libération, je voulais redevenir instituteur, et c’est dans cette intention que je me suis rendu à la Maison des Huit Heures à Bruxelles où se trouvait le siège de la CGSP, ma centrale syndicale. A mon grand étonnement, le siège syndical était gardé par des militants armés du syndicat unique communiste. Le futur président de la CGSP nous mit au courant de la situation sur le plan syndical en général et dans les secteurs des ministères en particulier. La vieille garde avait perdu pas mal de son influence, disait-il, la centrale était complètement aux mains des dirigeants du syndicat d’unité communiste. «Nous avons besoin de sang neuf, dit-il, de jeunes comme vous, de gens qui peuvent opposer un travail de résistance». Je me suis laissé convaincre par ses arguments et j’ai accepté de travailler désormais en qualité de permanent syndical.» Debunne poursuit par une description de la tactique qu’il utilisa en vue d’affaiblir l’influence des communistes, entre autres, en recourant au slogan selon lequel «le syndicat devait être indépendant de tout parti»! 46 A peine contradictoire, Debunne écrira ensuite: «Qu’à cette époque nous réagissions de la sorte contre l’ingérence du Parti Communiste ne signifie absolument pas que nous estimions que le syndicat aurait dû être apolitique. Au contraire!»47 Il va même encore plus loin: «Lors du congrès extraordinaire de 1971, j’ai clairement proposé que la FGTB ait deux partenaires privilégiés: le PSB et la CSC. Nos deux organisations ont joué un rôle décisif dans la politique générale du pays. La FGTB et le PSB ont parfois estimé nécessaire d’échanger directement leurs idées. Ces contacts ont toujours été très utiles et la plupart du temps, ils ont fourni des résultats, bien que ce n’ait pas toujours été le cas.»48

1950: la Question royale

En 1950, la bourgeoisie et les forces d’extrême droite demeurent très attentives aux circonstances et au contexte à nouveau favorable aux révolutionnaires et aux communistes. On assiste ainsi à une longue série d’attentats contre des locaux et des militants du PC, perpétrés par des terroristes favorables à Léopold III, issus de la collaboration et des partis fascistes. Mais l’aile droite du PSC n’est pas étrangère elle non plus à ces attaques contre le PC. Quant à la police, elle n’intervient jamais, même quand les victimes agressées peuvent identifier leurs agresseurs ou communiquer l’immatriculation de leurs véhicules. Ces attentats sont systématiquement revendiqués par des groupuscules léopoldistes!

A cette époque, Vanden Boeynants (VdB) fonde le journal d’extrême droite Vrai, qui contribuera à développer encore la psychose démentielle de la guerre froide au sein du CVP-PSC. Lorsque VdB devient député du PSC à Bruxelles, en 1949, le journal disparaît brusquement de la circulation. D’autres petits journaux d’extrême droite prennent la relève pour combattre le communisme, les démocrates et les progressistes. Les membres du PC ont livré de courageux combats contre toutes ces attaques qui feront de nombreux blessés.49

Lorsque le PSC parvient à mettre sur pied un référendum sur la question du retour de Léopold III, la coupe est alors pleine pour tous ceux qui s’étaient battus contre l’occupant, ou qui avaient perdu un être cher durant l’occupation nazie et la collaboration.

Sous la direction de Julien Lahaut, ils sont fermement décidés à empêcher le retour de Léopold III. Cette volonté se transforme en une lutte magnifique. Afin de mater les émeutes que ce retour n’allait pas manquer de susciter, les autorités postent ce jour-là 5.000 soldats et 6.000 gendarmes dans toute la capitale.

Le souverain capitulationniste débarque le 22 juillet avant l’aube et a la désagréable surprise de tomber sur un groupe de manifestants, qui l’attendent depuis des heures et qui lui offrent pour sa reprise de contact avec ‘ses’ Belges, un concert de cris et de huées. Léopold réagit lamentablement, provoquant les travailleurs.

Dans tout le pays, les gens descendent dans la rue, les ouvriers sortent des usines... Frans Van den Branden: «Si l’on veut chasser Léopold, il faut dresser contre lui un mouvement irrésistible d’opposition populaire, un mouvement permanent, sans le moindre fléchissement, qui doit adopter les formes les plus diverses et s’étendre de jour en jour. C’est la masse populaire, et plus particulièrement la classe ouvrière, qui détient le sort de notre pays. C’est de sa détermination et de ses actions qu’il dépendra que le fascisme se fasse couper l’herbe sous le pied.»50

Les usines de Wallonie et du Brabant wallon sont complètement à l’arrêt, les magasins n’ouvrent pas. Le 27 juillet, des centaines de milliers de grévistes défilent, la lutte pour l’abdication s’accompagnant de revendications sociales! A Liège, tous les travailleurs se rassemblent chaque soir pour des manifestations et des meetings, des ‘groupes de résistance démocratique’ se constituent, des attentats mystérieux contre les chemins de fer et les installations électriques se succèdent et des comités de grévistes prennent en main l’administration publique dans plusieurs régions. Le pays compte bientôt 700.000 grévistes.

C’est à Liège que sont lancées les premières grenades contre la foule. Un gréviste, Jean Deboeck, doit être amputé d’un pied broyé. L’état de siège est prononcé, tous les ponts sont occupés militairement, isolant la ville du reste du pays. Cela n’empêche pas les travailleurs liégeois d’écrire, sous la direction de leur leader Lahaut, l’une des plus belles pages de leur histoire. A 10.000, ils entament un bras de fer mémorable avec la gendarmerie qui n’ose pas charger.

Mais le soir venu, quand la gendarmerie se venge comme elle peut sur de minuscules groupes de travailleurs, la résistance ouvrière répond en balançant dans la Meuse les fusils, baïonnettes, casques et tout ce qui appartient à la gendarmerie! Des barricades sont dressées à la rue Pierreuse, au boulevard de la Sauvenière et sur la place Saint-Nicolas. Devant le déroulement des événements, les autorités paniquées font alors appel à l’armée pour rétablir l’ordre, mais les réservistes refusent d’intervenir. De même, le contingent rappelé d’Allemagne en toute hâte défile dans Liège en scandant L’Internationale, se faisant applaudir à tout rompre par les grévistes liégeois. Lorsqu’ils reçoivent l’ordre de tirer sur la foule afin de dégager la gendarmerie, ils désobéissent! Tant à l’intérieur du pays qu’à l’étranger, la Belgique est considérée comme un pays au bord de la guerre civile. Liège tombe aux mains des travailleurs, qui décident alors qui peut entrer et sortir de la ville. Cet exemple pousse certains membres de la résistance à repasser à l’action. Ainsi le 27 juillet, la prise d’assaut du palais royal à Bruxelles n’échoue que d’extrême justesse. Le soir même, des dizaines de milliers de travailleurs sillonnent les rues de la capitale, dont de nombreux partisans en armes et mineurs du Borinage, lesquels disposent depuis longtemps déjà de bâtons de dynamite. C’est par camions entiers que les travailleurs affluent de partout! Une gigantesque marche sur Bruxelles est prévue pour le 1er août 1950. Le pays est au bord de la guerre civile.51

La veille de la marche, le 31 juillet, à Grâce-Berleur, la gendarmerie ouvre le feu sans sommation et lance des grenades sur des grévistes qui s’opposent à la capture de l’un des leurs. Quatre travailleurs sont tués, des dizaines sont grièvement blessés. A Liège, on scande alors plus que jamais: «Vive la république!», «Vive la révolution!». La radio annonce que la marche sur Bruxelles prévue pour le 1er août est annulée. Depuis plusieurs jours déjà, le PSB s’employait activement à élaborer un compromis. Max Buset, à l’époque responsable du PSB, admettra le 9 août à la Chambre: «Nous avons été forcés de passer à l’action, mais nous ne souhaitons en aucune façon en faire notre méthode.» Presque chaque jour, le journal américain qui fait autorité à l’époque, le New York Herald Tribune, exprime son angoisse à propos de l’évolution de la situation en Belgique, son allié atlantique qui traverse une période d’instabilité totale – alors que les Etats-Unis viennent d’entamer leur agression contre la Corée et qu’ils ont grandement besoin du soutien de tous leurs partenaires européens. Le colonel Armstrong, attaché militaire américain en Belgique, s’immisce alors profondément dans la politique intérieure belge, et parvient à convaincre le PSB et une partie de la FGTB que les travailleurs du PSB ne comprennent pas ce qu’il leur arrive, qu’ils sont complètement manipulés dans ces événements et que le communisme est déjà dans l’antichambre! Et il est écouté!

Le 1er août, des dizaines de milliers de travailleurs descendent sur Bruxelles, démantèlent les barricades l’une après l’autre et se dirigent vers Laeken. Depuis le balcon de la Maison de Peuple, la FGTB s’adresse à la masse, l’implorant de faire demi-tour, mais le cri «A Laeken!» résonne de plus en plus fort… Plus personne ne semble en mesure de faire reculer les travailleurs, quand surgit Isabelle Blum (elle avait beaucoup d’autorité et passait au sein du PSB pour une femme ‘de gauche’). Elle s’adresse à la masse en ces termes: «Nous voulons l’abdication, et nous l’avons obtenue.»52 Et Achille Van Acker de déclarer ensuite: «Pour ce qui est de Léopold III, ses valises sont faites, l’avion est prêt pour son départ, nous pouvons donc faire de cette marche de protestation à Laeken une fête de la victoire». André Renard affirme pour sa part à Liège: «Nous sommes parvenus à arracher la semaine de 40 heures, les augmentations salariales sont devenues une réalité, les pensions sont augmentées. La marche sur Bruxelles s’est transformée en une fête triomphale sur toute la ligne.»

La démobilisation est alors totale et la grève s’achève. Léopold III n’abdiquera finalement qu’un peu plus tard, lorsqu’il se rendra compte que les milices léopoldistes ne sont plus en mesure de le sauver! Il n’empêche, les travailleurs ont bel et bien été trompés, le Roi restera en Belgique et le peuple en entretiendra même grassement un nouveau, Baudouin I.53

En dépit d’incessantes agressions et intimidations fascistes, les révolutionnaires n’abandonnent cependant pas la lutte. Lorsque, le 11 août, Baudouin prête serment à la Chambre, la fraction communiste du parlement s’écrie «Vive la république, à bas la monarchie!» C’est surtout la voix puissante de Lahaut qui fait trembler le parlement. Vanden Boeynants se fraie alors un chemin vers Lahaut et, le poing fermé, profère quelques menaces à son encontre. Cette nuit-là, une bombe posée sur l’appui de fenêtre du bâtiment du siège national du PC explose. Les vitres volent en éclats à cinquante mètres à la ronde. Les dégâts auraient pu être beaucoup plus importants, si la bombe avait été mieux placée.54

Le 18 août 1950, Julien Lahaut est assassiné !

Le 18 août, Julien Lahaut est assassiné à son domicile de Seraing. De nouvelles grèves éclatent dans tout le pays, des télégrammes affluent du monde entier. A son enterrement, ce sont des mineurs en tenue de travail qui portent son cercueil. 125.000 travailleurs et des représentants des partis communistes du monde entier constituent l’impressionnant cortège, qu’une foule immense accompagne tout le long du trajet, des fleurs et des tournesols à la main.

Pendant plusieurs semaines, les mineurs du Borinage affluent vers Liège avec à la main, le tournesol qui symbolisait leur camarade Lahaut, «l’homme qui portait le soleil dans sa poche». En effet, dans tous les endroits où il s’est rendu, même dans les moments les plus pénibles, Lahaut trouvait les mots justes pour remonter le moral des camarades, ce fut particulièrement vrai dans les camps de concentration.55

On admet généralement que ce sont les léopoldistes qui ont assassiné Lahaut. Le fait est que depuis longtemps déjà, Lahaut et les autres figures de pointe du Parti Communiste recevaient des lettres de menaces.

Scandaleusement, la justice n’a pas estimé opportun de lancer une enquête sur l’assassinat de Julien Lahaut car, dès le début, le meurtre a fait l’objet d’une interprétation historiquement déformée: Lahaut n’aurait été assassiné que pour avoir crié «Vive la république!», le 11 août. Cette hypothèse simpliste n’impliquait de rechercher les assassins que parmi les seuls léopoldistes d’extrême droite… en fuite!

Or, à cette époque, de nombreux attentats sont également commis à l’étranger contre des dirigeants communistes, notamment contre l’Italien Palmiro Togliatti et le français Jacques Duclos… Cette piste est bien évidemment la plus cohérente… On a effectivement toutes les raisons de soupçonner les organisations occidentales chargées de propager, activement et par tous les moyens, le climat de guerre froide contre l’Union soviétique, d’avoir armé des bras ou d’avoir simplement cherché un soutien logistique pour l’élimination d’un communiste révolutionnaire, ce que la bourgeoisie belge appelait de tous ses vœux! Si une enquête judiciaire sérieuse avait été menée dans cette direction…56

Néanmoins, ceux qui pensaient que cet assassinat allait en même temps signer la fin de la lutte pour la classe ouvrière dans notre pays se sont lourdement trompés! Ainsi, l’automne de l’année 1957 sera particulièrement chaud, avec une grève des métallurgistes qui, si elle ne donnera rien, aura tout de même duré deux semaines et mobilisé 200.000 grévistes!

En 1958, éclate à Menin une grève radicale, de longue haleine et où les travailleurs frontaliers, engagés en France dans le textile, n’hésitent pas à recourir à la violence pour revendiquer leurs droits. La répression est tellement brutale que les grévistes, affamés et trahis une fois encore par les syndicats, reprennent le travail la mort dans l’âme.

En 1959, on apprend que la décision de fermer les charbonnages de Wallonie a été prise. Le 20 février déjà, 100.000 grévistes s’y opposent fermement et l’atmosphère tend à une nouvelle grève générale. L’appareil syndical met alors tout en œuvre pour l’empêcher! Renard et ses camarades résisteront en Wallonie jusqu’au 24 février, date à laquelle les dirigeants de la FGTB approuveront secrètement un accord avec le patronat…

Nous nous retrouvons ainsi à la veille de la grande grève de 1960-1961 contre la Loi unique. Une grève générale qui ébranlera à son tour le pays. Mais cela, c’est une autre histoire.

Notes

1. Célestin Demblon, «Le dernier appel de Célestin Demblon», dans le journal La Vague de Jupille, «Profession de foi», Séance du 2 décembre 1923.
2. Célestin Demblon, Idem, Séance du 12 octobre 1924.
3. Jean Roggeman, La politique communiste devant le syndicalisme verviétois, L’Union, Verviers, 1922.
4. Guido Van Meir, De geschiedenis van de BSP (L’histoire du PSB), à compte d’auteur, Gand, 1er mai 1975
5. La grève d’Ougrée-Marihaye. Comment on noyaute une organisation. Comment on pousse aux abîmes. 5 mai - 1er décembre 1921.
6. Joseph Bondas, Histoire de la Centrale des Métallurgistes de Belgique. Soixante années d’efforts et de luttes 1887-1947, Imprimerie Coopérative Ouvrière, La Louvière, 1948, p.121.
7. Léon Fourmanoit, Des luttes,… des hommes,… et du Borinage 1910-1925. Chronique, FGTB Culture, 1981.
8. Des dizaines de coupures de journaux des deux grèves, collectées par le docker communiste Jaak Withages et conservées par l’asbl AMSAB-Anvers.
9. Jean Derkenne nous parle de sa vie, vidéo, Projet Vidéo (rue de la Caserne 68, 1000 Bruxelles, tél. 02/513 77 60). Projet Vidéo dispose aussi des films russes dont il est question ici.
10. Un ouvrier hutois en Russie des Soviets, Les amis de l’URSS, Huy, septembre 1930. Consulté à l’IHOES, Seraing.
11. Bert Hogenkamp et Henri Storck, De Borinage. De mijnwerkersstaking van 1932 en de film van Joris Ivens en Henri Storck (Le Borinage. La grève des mineurs de 1932 et le film de Joris Ivens et Henri Storck), Van Gennep-Kritak, Amsterdam-Louvain, 1983, p.18.
12. Au Secours!, Mensuel de la section belge du Secours Rouge International, numéro spécial de juillet 1932 (numéro spécial en remplacement du numéro saisi). Consulté à l’IHOES, Seraing.
13. Guido Van Meir, op.cit., p.35.
14. Pour la victoire dans les combats des mineurs, rapport du 3e congrès (mars 1933) de la Centrale Révolutionnaire des Mineurs (consulté à l’IHOES, Seraing).
15. Bert Hogenkamp et Henri Storck, op.cit., p.18.
16. Robert Destanque, Joris Ivens ou la mémoire d’un regard, 1982 (version néerlandaise, p.125).
17. Bert Hogenkamp et Henri Storck, op.cit., p.18, 139.
18. Histoire de la grève des mineurs de 1932, Centrale Syndicale des Mineurs du bassin de Liège,octobre 1932. Consulté à l’IHOES, Seraing.
19. Constant Malva, «Quand la mort nous frappe», in Le rouge et le noir, 23 mai 1934, cité in Bert Hogenkamp et Henri Storck, op.cit., p.20.
20. Discours prononcés à la Chambre des Représentants par les députés Glineur, Lahaut, Jacquemotte. Séance du 8 mai 1934. Consulté dans les archives de l’Institut d’Histoire Ouvrière, Economique et Sociale (IHOES) de Seraing. La grève générale dans l’industrie textile verviétoise. Discours prononcé à la Chambre des Représentants par le député Jacquemotte. Séance du 29 mai 1934. Idem.
21. Jean Derkenne, op.cit.
22. Bob Claessens, Julien Lahaut. Une vie au service du peuple, Parti Communiste de Belgique (PCB), 1950.
23. Bob Claessens, op.cit.
24 Guido Van Meir, op.cit., p.39.
25 C. Colin et A. Bonenfant, La grève formidable des 500.000 en juin 1936, Parti Communiste de Belgique, 1937, p.3 (consulté à l’IHOES, Seraing).
26. Ward Adriaens, Vrijwilligers voor de vrijheid (Volontaires pour la liberté), Kritak, Louvain, 1978, p.32-33, 35.
27. Jean Derkenne, op.cit.
28. Bob Claessens, op.cit.
29. Interview de Bert Struyf par Roger Van Doninck, 1997.
30. C. Colin et A. Bonenfant, op.cit., p.5-25.
31. B.-S. Chlepner, Cent ans d’histoire sociale en Belgique, Editions de l’Université de Bruxelles, Bruxelles, 1972, p.266-267.
32. Tracts de la Résistance aux mineurs de Hornu-Wasmes, dans Chroniques de la résistance du Front de l’Indépendance, Section régionale Front de l’Indépendance de Liège, 1976, p.60-61.
33. Tract. (IHOES, Seraing).
34. Ibidem, p.72.
35. Ibidem, p.64-94.
36. Bob Claessens, op.cit.
37. Jean-Luc Dehaene, Propositions du ministre des Affaires sociales en vue de la réforme de la sécurité sociale, Ministère des Affaires sociales et des Réformes institutionnelles, 1983.
38. Robert Vandeputte, Leon-A. Bekaert. Een groot man, een goede mens (Un grand homme, un brave homme), Lannoo, 1979, p.109-113.
39. B.-S. Chlepner, op.cit.
40. J. Terfve, Vers la rénovation de la Belgique, rapport du Comité Central du Parti communiste de Belgique, 12 août 1945.
41. René-Pierre Hasquin, L’adieu au Pays Noir, Editions Scaillet, Charleroi, 1992, p.176.
42. B.-S. Chlepner, op.cit., p.270.
43. B.-S. Chlepner, op.cit., p.270.
44. Interview de Frans Vanden Branden dans l’émission télévisée Ter Zake (VRT), à l’occasion du centenaire de la FGTB, 1998.
45. Vic Thijs, 20 jaar syndicale kroniek (Vingt ans de chronique syndicale), recueil de chroniques hebdomadaires dans le Volksgazet entre la Seconde Guerre mondiale et les années 60, Anvers, 1967, p.47-60.
46. Georges Debunne, J’ai eu mon mot à dire. Mémoires, Kritak, Louvain, p.11.
47. Ibidem, p.19.
48. Ibidem, p.32.
49. Hans Depraetere et Jenny Dierick, De Koude Oorlog in België (La guerre froide en Belgique), EPO, Berchem, 1985.
50. Frans Vanden Branden, De grote staking van 1950 (La grande grève de 1950), Parti communiste de Belgique (PCB), Bruxelles, 1950.
51. Ibidem.
52. Témoin oculaire et résistante, Juliette Pierre, une camarade bien-aimée, impute la plus grosse part de la responsabilité de cette trahison à Isabelle Blum parce qu’à l’époque, celle-ci avait plus d’autorité que Van Acker.
53. Frans Vanden Branden, op.cit.
54. Hans Depraetere et Jenny Dierick, op.cit., p.78.
55. Bob Claessens, op.cit.